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France : portrait d’un pays malade de la crise

"La France, portrait social". Comme chaque année, l'Insee publie aujourd'hui son rapport annuel sur l'état de la France. C'est en 300 pages une photographie générale du pays, en matière de niveau de vie, de croissance ou de salaires. Un portrait entaché par la crise économique, qui s'est traduite en France par des destructions d'emplois massives, près de 400.000 entre début 2008 et mi 2009…
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"La crise économique entraîne une hausse du chômage qui a des conséquences sur les revenus et niveaux de vie des personnes, mais l’ensemble des conséquences sociales de cette crise apparaîtra dans la durée", écrit l'Institut national de la statistique et des études économiques. Voilà pour le contexte.

Cette édition 2009 de son rapport annuel dresse le portrait d'un pays qui a contracté le virus de la crise, particulièrement virulent sur un terrain social déjà fragilisé. Le chômage est ainsi passé de 7,1% au premier trimestre 2008 à 9,1% au deuxième trimestre 2009 en métropole, après deux ans de baisse régulière en 2006 et 2007. "Le nombre de chômeurs augmente donc de presque 30% en un an et demi", souligne l'Insee.

Il semble pour l’heure qu'il n'existe aucun vaccin efficace contre la crise. Alors, on se soigne comme on peut. "Sur le marché du travail, il faudra attendre le redémarrage de l’emploi pour que le taux de chômage cesse d'augmenter. Cependant, les systèmes d’assurance chômage et de protection sociale peuvent, au moins pendant un certain temps, jouer le rôle d’amortisseur pour de nombreuses personnes confrontées à une perte de revenu", indique l’Insee.

DES REMÈDES PLUS OU MOINS EFFICACES

Pallier l’urgence et soulager la douleur en espérant que le système immunitaire du pays reprenne le dessus sur une crise foudroyante et hautement contagieuse, qui en quelques mois seulement a cloué des millions de personnes au chômage, en France et à travers le monde... C'est l'objectif d'un certain nombre de mesures prises par les gouvernements pour soutenir l'économie et favoriser la relance.

Le revenu de solidarité active semble faire partie de ces médications qui fonctionnent. L'instauration du RSA pour les travailleurs pauvres "déplace la cible des bénéficiaires vers des personnes dont le niveau de vie est plus faible", en particulier les 30% les plus pauvres. Au final, le RSA "permettrait de faire sortir 920.000 individus de la pauvreté, dont 470.000 travailleurs, contre 370.000 individus dont 190.000 travailleurs" avec l'ancien système, précise ainsi l’Insee.

Mais "il faudra un certain temps au système statistique pour appréhender l’ensemble des conséquences sociales de la crise économique et pour les mesurer avec les enquêtes structurelles. On dispose toutefois de premières indications partielles : le nombre de personnes ayant des découverts bancaires très fréquents ou ayant du mal à boucler leur budget augmente entre le début et le 3e trimestre de l’année 2009", conclut l'étude, dont vous pouvez retrouver la version détaillée sur le site de l'Insee.

DES SIGNES ENCOURAGEANTS NÉANMOINS

Pour autant, les Français ne semblent pas céder à la fatalité. Pour preuve, c’est le regard tourné vers un avenir que l'on espère meilleur que l’on continue à faire des enfants. La France, où "le seuil de deux enfants par femme" a été dépassé en 2008 (+1,9% de naissances par rapport à 2007), est avec l'Irlande le "pays de l'Union européenne où la fécondité est la plus forte". Mais là encore, attention, "la forte hausse du chômage, la baisse des revenus, l'incertitude croissance sur l'avenir modifieront vraisemblablement les comportements reproductifs des ménages, d'autant que les jeunes sont les premiers touchés", prévient l’Insee.

La France, selon son "portrait social", comptait 64,3 millions d'habitants au 1er janvier 2009. L'espérance de vie pour les femmes dépasse 84 ans, et 77 ans pour les hommes. Plus de sept jeunes sur dix d'une génération atteignent le niveau du baccalauréat.

Un diagnostic encore un peu plus encourageant depuis ce matin, avec la publication d'une première estimation de la croissance française au troisième trimestre, +0,3%, qui confirme que la page de la récession est tournée et que la reprise, même si elle reste pour le moment toujours bien timide, est au rendez-vous.

Cécile Mimaut

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