Fillon renvoie Jégo en Guadeloupe sans solution
“L'Etat ne saurait se substituer aux partenaires sociaux dans les responsabilités qui leur reviennent”. Sur le perron de Matignon, François Fillon ferme le ban.
_ Manière de dire que le Premier ministre refuse de s'engager sur le sentier où le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, avait imprudemment posé le pied. La perspective d'une augmentation de 200 euros mensuels sur les bas salaires (jusqu'à 1,6 fois le Smic), qui devrait concerner 45.000 personnes, s'éloigne. Le patronat guadeloupéen avait accepté le principe dans un pré-accord, à condition que l'Etat consente à des exonérations de charges à hauteur de 108 millions d'euros. C'est ce dernier point que le gouvernement refuse net : pas de coup de pouce de l'Etat.
Du coup, tout l'édifice s'écroule comme un château de carte. Le secrétaire d'Etat est renvoyé en Guadeloupe sans la “solution” qu'il avait promise aux Guadeloupéens pour faire passer la pilule de son départ en catimini.
_ Il ne revient d'ailleurs pas seul, mais flanqué de deux médiateurs chargés de relancer les négociations entre patrons et syndicats sur la question des bas salaires. L'objectif est d'inciter les partenaires sociaux à trouver un accord entre eux, sans que l'Etat ait à mettre la main au porte-feuille.
Déclaration de François Fillon sur l'Outre-Mer
envoyé par FrancoisFillon
La Réunion rejoint le mouvement
Mais la mission des deux “anges-gardiens” d'Yves Jégo s'annonce plus compliquée qu'initialement. Malgré les progrès sur les 132 autres points de revendications du collectif LKP (versement anticipé du RSA, baisse du prix des carburants, gel des loyers de logements sociaux, baisse de 10% des prix de 100 produits de base), l'île est en ébullition, après trois semaines de grève et de paralysie. Le départ brutal du secrétaire d'Etat a ravivé une colère qui avait un peu baissé en intensité pendant les négociations. Des milliers de personnes ont manifesté hier lors d'une “journée île morte”.
Et les problèmes dépassent le cadre guadeloupéen pour se rapprocher du scénario redouté par le gouvernement : la contagion. La Martinique a rejoint le mouvement avec le comité du 5 février sur les mêmes bases que les guadeloupéens. La Guyane, qui avait déjà vécu un conflit sur le prix du carburant, s'agite à son tour autour de la question de la vie chère, et enfin, la Réunion a constitué un collectif de 13 syndicats, partis de gauche et associations pour constituer une plate-forme de revendications sur le pouvoir d'achat et l'emploi.
Grégoire Lecalot, avec agences
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