Femmes victimes de violence : des chiffres inquiétants
En novembre 2013, le gouvernement lançait un vaste plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes.Son objectif: favoriser leur signalement et améliorer la prise en charge des victimes de ces agressions.
Ainsi, depuis deux ans, le 3919, numéro national d'orientation anonyme et gratuit, a élargi sa mission à l'écoute de toutes les formes de violences contre les femmes. Outre les violences conjuguales, le terme englobe également les faits de harcèlement sexuel au travail ( une femme sur cinq y aurait été confrontée au moins une fois), les mariages forcés, ou encore les mutilations sexuelles coutumières telles que l'excision... D'où l'augmentation du nombre d'appels. La plateforme en a traité 50 000 l'an passé, soit le double qu'en 2013, peut-être en partie car de moins en moins de situations sont passées sous silence.
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000 femmes sont victimes de violences chaque année en France
Sur ce total, 50.000 d'entre elles se sont donc signalées au 3919 l'an dernier.Dans 70 % des cas, ce sont les femmes victimes qui contactent directement la plateforme. Le reste du temps, ce sont des proches qui effectuent cette démarche.
La majorité des victimes ont entre 30 et 49 ans, et dans 97 % des cas, leur agresseur est un homme.
Constat édifiant : pour une femme, le fait d'être enceinte ou d'avoir de jeunes enfants est un facteur de risque d'apparition ou d'aggravation de ces violences. Des violences qui peuvent revêtir des formes très diverses :
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verbales : cris, injures
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psychologiques : menaces, humiliations
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physiques : gifles, séquestation, brûlures, coups entrainant des fractures ou des plaies
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sexuelles: harcélement, attouchements, viols
Enfin, moins souvent évoquées, mais pourtant bien réelles, les violences dites économiques ou administratives : l'interdiction de travailler, la privation de ressources ou bien la confiscation des papiers d'identité.
Vers un renforcement du dispositif de protection des femmes victimes
Les associations et organismes de défense des droits des femmes dénoncent régulièrement la trop faible mobilisation des politiques sur ce sujet. Pour , directrice associée du groupe Egalis de consultants et formateurs à l'égalité hommes/ femmes, "les 25 novembre se suivent et se ressemblent (...) Il faudrait une action politique forte, similaire à celle menée en faveur de la sécurité routière, où les gouvernements ont investi 12 millions par an pendant 10ans, contre à peine 1 à 2 millions tous les 2 ans dans la communication sur les violences faites aux femmes".
Malgré ce décalage, des efforts ont été faits depuis 2013: ce sont désormais plus de 300 accueils de proximité pour accompagner les victimes et préparer la séparation du conjoint violent (26 structures supplémentaires ont été créées en un an). Par ailleurs, 81 départements seront couverts par un "protocole local de plainte" d'ici la fin du mois, soit le double par rapport à l'an passé . Ce protocole est conçu pour mieux prendre en charge toute femme révélant une violence à la police ou la gendarmerie : il favorise le dépôt de plainte de préférence à la main courante, et prévoit un accompagnement de la victime.
D'autre part, le nombre d'intervenants sociaux dans les commissariats et les gendarmeries est en augmentation : actuellement au nombre de 240, ils devraient être une centaine de plus d'ici 2017. Quant aux places d'hébergement supplémentaires réservées aux femmes agressées, plus d'un millier ont été créées en trois ans, soit une cadence supérieure aux objectifs fixés par l'État.
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