Violences conjugales : comment un message sur les réseaux sociaux a "sauvé la vie" de Laura Rapp
Les réseaux sociaux sont-ils le seul moyen pour les femmes victimes de violence de se faire entendre ? Laura Rapp pose la question dans son livre "Tweeter ou mourir" publié jeudi. Son ex-conjoint a tenté de la tuer en avril 2018. Elle affirme que c'est un appel à l'aide sur Twitter qui lui a sauvé la vie.
C'est une jeune femme terrorisée qui décide, le 14 mai 2019, de publier un long message sur les réseaux sociaux. Quelques mois plus tôt, son ex-conjoint a tenté de la tuer, en avril 2018. "Je me suis retrouvée traquée comme une bête sauvage, j'ai vécu un cauchemar avec ma fille et mes parents, confie-t-elle. Je n'avais plus de solution en fait, j'étais désespérée."
Si la jeune femme a si peur, c'est parce que son conjoint violent obtient en février 2019 une libération conditionnelle dans l'attente de son procès. Il n'a pas le droit d'approcher Laura et sa fille, mais vient pourtant à plusieurs reprises devant chez elle et chez ses parents. À l'époque, la jeune maman prévient la justice mais elle n'obtient aucune réponse. Elle décide donc d'appeler à l'aide sur les réseaux sociaux.
À L’AIDE !
— Laura (@LauraetAlice) May 14, 2019
[THREAD à dérouler ]
Rescapée d'1tentative d'assassinat, en présence de ma fille de 2 ans, la justice me tourne le dos. Arrêté et placé en détention provisoire depuis avril 2018, mon tortionnaire, a fait plusieurs demandes de mise en liberté qui ont ttes été refusées. pic.twitter.com/qycpB8e7Nk
Son ex-conjoint renvoyé en prison
Son message est partagé plus de 12 000 fois et quelques jours plus tard, la justice décide de renvoyer son ex-conjoint en prison. Tout cela, elle le raconte aujourd'hui dans son livre, Tweeter ou mourir, publié jeudi 11 mars. "Il y a le regard de la société, ils ont vu que je faisais la une des médias, que tout le monde trouvait que c'était un véritable scandale, et c'est vrai que je pense que c'est ça qui a fait réagir, sinon, moi toute seule, à mon avis il ne se passait strictement rien, assure Laura. Donc aujourd'hui j'entends qu'il ne faut pas rendre la justice sur les réseaux sociaux, mais quand elle ne se rend nulle part, comment fait-on pour les victimes comme moi qui sont en danger de mort ?"
"Quand un homme veut vous tuer, comment fait-on quand la justice reste sourde à vos SOS ?"
Laura Rappà franceinfo
Aujourd'hui, son ex-conjoint, incarcéré pour tentative d’homicide et qui purge une peine de 8 ans de prison depuis décembre 2019, a fait une demande d’aménagement de peine en novembre 2020. Elle sera étudiée dans les prochains mois. Un nouveau coup dur pour la jeune femme. Mais elle assure, "si c'était à refaire, je tweeterai à nouveau", tout en reconnaissant que témoigner sur internet reste un outil dangereux pour les victimes. "On peut avoir des vagues de cyberharcèlement, explique-t-elle, le conjoint violent peut aussi se retourner contre la victime, il peut y avoir des plaintes en diffamation... C'est pour ça qu'aujourd'hui il faut vraiment que les pouvoirs publics réagissent par rapport à ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux."
Il faut aussi que les institutions prennent enfin au sérieux la parole des victimes, assure Laura. Selon un rapport de l'inspection générale de la justice, huit plaintes pour violences conjugales sur dix restent classées sans suite.
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