Féminicides : la famille d'une victime assigne l'Etat en justice pour faute lourde
Sandra, 31 ans, a été tuée à Bordeaux le 2 juillet 2021 par son ex-conjoint qui la harcelait depuis leur rupture, sept mois plus tôt. Ses proches estiment que l'Etat ne l'a pas assez protégée, alors que la justice et la police avaient été alertées de nombreuses fois. La famille de Sandra assigne l'Etat en justice pour faute lourde, selon les informations de France Inter mardi 12 mars.
Entre janvier et juin 2021, Sandra a tenté d'alerter sur sa situation à plusieurs reprises. Une enquête sociale a été lancée en réponse à une première plainte pour violences conjugales. Une autre plainte pour harcèlement a été refusée, au profit d'une simple main courante. Et une demande d'ordonnance de protection a également été rejetée par le juge aux affaires familiales.
Sandra "a tout essayé"
Pour Me Elsa Crozatier, l'avocate de la famille de la jeune femme, "il y a eu un dysfonctionnement clair de l'État". Elle assure que Sandra "a tout essayé" en étant "toujours très explicite dans la gravité des faits", mentionnant que son ex-conjoint se faisait "de plus en plus harcelant".
"Je crains le pire des dénouements", écrit Sandra le 30 mars au président de la République et au procureur de la République. Mais elle n'a reçu aucune réponse. Elle est tuée trois mois plus tard par son ex-conjoint qui venait d'être placé sous contrôle judiciaire, sans que personne ne la prévienne. Sa mère affirme que les proches de Sandra se sont sentis "abandonnés". Si pour sa fille, il est "trop tard", elle ne veut pas que ce qu'a vécu Sandra, "d'autres femmes le vivent. Je ne peux pas rester les bras croisés".
L'ex-conjoint de Sandra sera jugé au mois de décembre aux assises. L'assignation de l'État pour faute lourde est une procédure qui reste rare dans les dossiers de féminicide. Il faut souvent plusieurs années avant qu'elle n'aboutisse.
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