Ce que l'on sait de l'enquête sur le féminicide d'Oberhoffen-sur-Moder
Dimanche 10 novembre à Oberhoffen-Sur-Moder (Bas-Rhin), Sylvia Walter est morte chez elle, poignardée à plusieurs reprises par son mari. Quelques minutes avant sa mort, elle a appelé sa fille à l'aide. Cette dernière, qui a vu sa mère mourir sous ses yeux, dénonce le temps d'intervention des gendarmes.
L'homme de 58 ans soupçonné d'avoir tué de plusieurs coups de couteaux sa compagne, dimanche 10 novembre à Oberhoffen-sur-Moder, dans le Bas-Rhin, a été mis en examen pour "meurtre sur conjoint" mardi 12 novembre et placé en détention, a indiqué la procureure de Strasbourg dans un communiqué.
Une dispute qui tourne au drame
Dimanche vers 23h, la victime, Sylvia Walter, âgée de 40 ans, appelle sa fille Stella Guitton au téléphone alors qu'elle se trouve sous la menace de son mari, Jacqui Walter. Un appel à l'aide glaçant racontée par Stella Guitton au micro de France Bleu Alsace. "Ma mère m’a appelée cette nuit (dimanche) à 23h pour me dire à l’aide, qu’il avait de nouveau et encore une fois caché un couteau. J’ai entendu crier, je suis partie dans ma voiture."
Les gendarmes reçoivent deux appels à 11 minutes d'intervalle
Immédiatement, le conjoint de Stella Guitton appelle la gendarmerie, vers 23h08, pour signaler ces violences conjugales. Puis le centre opérationnel de la gendarmerie reçoit un second appel, à 23h19, du mari de la victime cette fois, qui indique lui-même avoir tué sa femme.
Après le premier appel téléphonique, le centre opérationnel de la gendarmerie prévient aussitôt la brigade de Bischwiller, où les gendarmes se trouvent "en casernement" et se préparent immédiatement à partir en patrouille. Le deuxième appel du mari, huit minutes plus tard, change la nature de l'intervention, et le centre opérationnel de la gendarmerie fait alors converger plusieurs patrouilles vers le domicile du couple, a indiqué la gendarmerie nationale à franceinfo.
Stella Guitton se rend elle immédiatement au domicile de sa mère. Sylvia Walter, victime de plusieurs coups de couteaux au niveau du cou et du thorax, meurt dans les bras de sa fille. D'après le parquet de Strasbourg, les personnels de secours n'ont rien pu faire, et ont constaté le décès de la victime, "dont le corps se trouvait à l'extérieur de l'habitation commune, à proximité immédiate de la baie vitrée du salon."
Un temps d'intervention qui pose question
Quelques heures après le drame, la fille de la victime met en cause les gendarmes, qui ont mis selon elle trop de temps à intervenir. "J’habite à Bischwiller. La gendarmerie est à Bischwiller. J’ai mis trois minutes à venir jusqu’à chez ma mère. Eux n’étaient pas là avant quinze voire trente minutes", a-t-elle expliqué, soulignant que les pompiers, qu'elles a appelés une fois sur place, sont arrivés plus tôt que les gendarmes.
La porte-parole de la gendarmerie nationale, Maddy Scheurer, avait confirmé plus tôt mardi sur franceinfo que les gendarmes avaient mis "15 à 20 minutes" à se rendre sur place, évoquant un "délai d'intervention de nuit habituel" et rappelant que le temps d'intervention pouvait dépendre du nombre de sollicitations des gendarmes, nombreuses cette nuit-là dans le département, selon elle.
Pourquoi les gendarmes de Bitschwiller, ville située à trois minutes de Oberhoffen-sur-Moder, ont-ils mis 20 minutes à intervenir ? Mardi, la gendarmerie nationale a indiqué à franceinfo que l'Inspection générale de le gendarmerie nationale (IGGN) avait été saisie par le directeur général de la gendarmerie nationale, Christian Rodriguez, dès ce mardi matin "afin qu'un audit soit réalisé sur les conditions globales de l'intervention" des gendarmes à Oberhoffen-sur-Moder".
Le mari était convoqué le mois prochain au tribunal après la plainte de sa femme
Le parquet de Strasbourg a confirmé mardi que Sylvia Walter avait porté plainte en octobre dernier pour "des disputes et des violences légères sans ITT établie sur fond d'alcool depuis plusieurs mois" et pour "des menaces de dégradations de son véhicule proférées en juillet dernier". Selon la procureure de la République de Strasbourg, le mis en cause était d'ailleurs convoqué au tribunal pour une audience prévue en décembre 2019 pour "menaces de dégradations", les investigations réalisées n'ayant pas permis de caractériser les autres infractions.
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