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Expulsion imminente de 250 Roms du plus grand bidonville parisien

Près de 250 Roms installés dans le bidonville de la Porte de Clignancourt dans le XVIIIe arrondissement de Paris risquent l'expulsion, dans les prochaines heures. Les associations s'indignent d'une précarisation encore plus grande des familles.
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Amnesty International s'indigne "qu'aucune solution de relogement adaptée n'ait été proposée" © Benjamin Illy, France Info)

Il est bien visible, à deux pas du métro, il a grandi mois après mois. Ce campement de fortune installé dans le XVIIIe arrondissement de Paris, sur l'ancienne voie ferrée de la Petite Ceinture, depuis le début de l'été, n'est qu'à deux pas de la station Porte de Clignancourt. Il risque aujourd'hui le démantèlement : la justice a tranché en septembre, à la demande de SNCF Réseau, propriétaire des lieux, et l'évacuation est proche.

Un bidonville devenu presque banal en plein Paris

Plus de 250 personnes, dont beaucoup d'enfants y vivent dans des cabanes en bois. Tout autour, la vie continue, la circulation, les Parisiens qui passent sans s'arrêter, peut-être habitués à cette vision : celle d'un bidonville sous leurs fenêtres depuis bientôt 9 mois. Le métro Porte de Clignancourt est à 5 minutes à pied, il faut longer la rue Belliard, et jeter un coup d'œil en contrebas pour apercevoir l'ancienne voie ferré et toutes ces cabanes faites avec les moyens du bord. Il y en a des dizaines, peut-être une centaine, collées les unes aux autres avec leurs petites cheminées, celles des poêles à bois, bricolés avec de vieux bidons rouillés.

Le déménagement a déjà commencé

Avant même l'évacuation, le déménagement est déjà entamé. Le message est passé sur le campement, la police sera bientôt là. Les habitants chargent les voitures de meubles, de matelas, tout ce qu'ils peuvent sauver, tout le peu d'affaires auxquelles ils tiennent.

Devant un brasero, le regard dans le vide, Alin est dépité. A 38 ans, il est porte-parole de l'association Les Bâtisseurs de Cabanes, une association qui réunit les habitants du campement autour d'un projet : construire des petites maisons en bois avec tout ce qui leur manque aujourd'hui. L'eau, l'électricité, les toilettes... Mais il faut un peu de temps pour trouver les terrains et les financements. En attendant, il va falloir aller à l'hôtel, dans des centres d'accueil pour quelques jours, quelques semaines peut-être, avant de retrouver un bidonville, ailleurs en région parisienne.

Les associations s'indignent

Amnesty International réclame la suspension de cette expulsion. L'organisation s'indigne de la prochaine destruction du campement alors "qu'aucune solution de relogement adaptée"  n'a été, selon elle, proposée à ses occupants. Une centaine de Roms a manifesté lundi à Paris pour protester contre la décision des autorités. Selon l'association La voix des Roms, une expulsion présente le risque, en cette période de grand froid, "d'une précarisation encore plus grande des familles qui vivent sur le terrain".

Dans un communiqué, Amnesty international demande aux autorités de "prendre en compte la trêve hivernale et de permettre la mise en œuvre d'une solution pérenne et digne. Un projet de construction impliquant des habitants du bidonville, des associations et des architectes est en cours d'étude, il offrirait aux Roms une sortie digne du bidonville et l'accès à un logement leur ouvrirait les portes de l'emploi" , écrit-elle.

La moitié des 20.000 Roms vivant en France réside en Ile-de-France. Environ 11.000 expulsions ont été prononcées en 2015.

 

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