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Pour Michel Houellebecq, Vincent Lambert est mort d'"une médiatisation excessive"

L'écrivain s'exprime sur cette affaire de société dans une tribune dans Le Monde, qu'il a rédigée avant la mort de Vincent Lambert annoncée jeudi matin, le 11 juillet.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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L'écrivain français Michel Houellebecq le 25 avril 2019. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Vincent Lambert, ex-infirmier en état végétatif depuis presque onze ans, mort le 11 juillet après un arrêt des traitements à l'issue d'un long conflit entre deux camps opposés au sein de sa même famille, a été victime "d'une surmédiatisation excessive" et "d'être devenu malgré lui un symbole" du débat sur la fin de vie, s'insurge l'écrivain Michel Houellebecq dans Le Monde.

"Il m'est difficile de me défaire de l'impression gênante que Vincent Lambert est mort d'une médiatisation excessive, d'être malgré lui devenu un symbole", affirme l'auteur culte des Particules élémentaires dans une tribune au Monde, écrite avant l'annonce du décès.

Dans son bref texte, il dénonce une forme d'ingérence de l'État et s'en prend tout particulièrement à la ministre de la Santé Agnès Buzyn qu'il accuse d'avoir voulu "ouvrir une brèche" et "faire évoluer les mentalités".

C'est fait. Une brèche a été ouverte, en tout cas.

Michel Houellebecq

Le Monde

"C'est fait. Une brèche a été ouverte, en tout cas. Pour les mentalités, j'ai des doutes. Personne n'a envie de mourir, personne n'a envie de souffrir : tel est, me semble-t-il, l'+état des mentalités+, depuis quelques millénaires tout du moins", écrit le romancier, l'un des auteurs français les plus traduits à l'étranger.

Car, "Vincent Lambert n'était nullement en proie à des souffrances insoutenables, il n'était en proie à aucune souffrance du tout (...) Il n'était même pas en fin de vie. Il vivait dans un état mental particulier, dont le plus honnête serait de dire qu'on ne connaît à peu près rien", poursuit-il, digressant sur les bienfaits supposés de la morphine ou le concept de dignité.

Et l'écrivain d'ajouter : "Il n’était pas en état de communiquer avec son entourage, ou très peu (ce qui n’a rien de franchement original ; cela se produit, pour chacun d’entre nous, à peu près toutes les nuits). Cet état (chose plus rare) semblait irréversible. J’écris +semblait+ parce que j’ai rencontré pas mal de médecins, pour moi ou pour d’autres personnes (...) ; jamais, à aucun moment, un médecin ne m’a affirmé qu’il était certain, à 100 % certain, de ce qui allait se produire."

Fallait-il tuer Vincent Lambert ?

Michel Houellebecq

Et Michel Houellebecq d'asséner la question suivante : "Dans ces conditions, fallait-il tuer Vincent Lambert ? Et pourquoi lui, plutôt que les quelques milliers de personnes qui à l’heure actuelle, en France, partagent son état ?"

"La dignité (le respect qu'on vous doit) ne peut en aucun cas être (altérée) par une dégradation, aussi catastrophique soit-elle, de son état de santé. Ou alors c'est qu'il y a eu, effectivement, une 'évolution des mentalités'. Je ne pense pas qu'il y ait lieu de s'en réjouir", conclut le romancier de 63 ans, connu pour ses romans à la fois polémiques et visionnaires.

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