"Quand on souffre comme ça, ce n'est pas la peine de rester" : Hélène, centenaire, en grève de la faim pour qu'on lui laisse "le droit de mourir"
Cette dame, qui vient d'avoir 100 ans, symbolise un nouveau combat en faveur de l’euthanasie.
Hélène Wuillemin a un visage aux mille rides, deux petits yeux rieurs qu’on distingue à peine et depuis le 6 mars dernier, un âge à trois chiffres : "Je viens d'avoir 100 ans. J'aurais bien souhaité ne pas les avoir, mais malheureusement je continue à vivre." Depuis une semaine, cette centenaire, qui habite seule chez elle à Laxou (Meurthe-et-Moselle), près de Nancy, a donc entamé une grève de la faim car on lui refuse, dit-elle, "le droit de mourir".
Hélène redresse son fauteuil électrique. Ses jambes, qui la font tant souffrir, sont allongées. C’est ici, dans cette petite pièce qui lui sert de salon et de chambre, qu’elle passe tout son temps.
Depuis quelque temps, je ne fais plus rien, plus grand-chose. Je regarde un peu la télé, puis je fais des jeux et voilà. Et puis après ça recommence.
Hélèneà franceinfo
Un jour sans fin, dit-elle. Et des douleurs de plus en plus difficiles à supporter. Elle a du mal à se déplacer du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et parfois même… du lit au lit. "J'espérais toujours m'endormir dans mon fauteuil mais non, je ne m'endors pas. Enfin maintenant, je m'endors de plus en plus, alors ce sera peut-être bientôt la fin. C'est ce que j'espère", explique Hélène.
Cette ancienne institutrice, qui a élevé seule ses enfants, dit qu'elle a cherché à se faire euthanasier en Suisse et en Belgique, sans succès. "Je souffre trop ! Quand on souffre comme ça, ce n'est pas la peine de rester."
On doit tous mourir un jour, alors pourquoi attendre 107 ans pour mourir ? À mon âge, à 100 ans, on peut mourir.
Hélèneà franceinfo
Hélène a un temps pensé à d’autres solutions : "Mais moi je n'ose pas me suicider, m'ouvrir les veines, ça me dégoûte." Avant de se décider à faire cette grève de la faim et à l’annoncer à son fils et à sa fille : "Je lui ai dit 'j'arrête de manger'. Elle ne m'a rien répondu, qu'est-ce que vous voulez qu'elle dise ? Elle sait bien que je n'en ferais qu'à ma tête, elle me connaît", glisse la centenaire dans un sourire.
En face de son lit, un papier blanc est accroché au mur. Dessus, un gros cœur rouge et un mot écrit en lettres noires : "Liberté". Le mot symbole de son combat, dit Hélène. Un combat mené au nom de bien d’autres : "J'espère que ce sera utile, c'est pour ça que j'accepte [de parler]. Parce que je ne veux pas être une vedette. Je voudrais que ça serve à d'autres, parce qu'il y a tellement de gens qui auraient envie de mourir dans la dignité et qui n'y arrivent pas... Que mon cas aide, ouvre les esprits."
Hélène abrège notre entretien, fatiguée. Elle demande de bien claquer la porte avant de partir et va aller se coucher, s’endormir, et avec un peu de chance, confie-t-elle, ne jamais se réveiller.
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