Etats-Unis : la vidéo d'un footballeur battant sa femme relance le débat sur les violences conjugales
Ray Rice, 27 ans, a été exclu de son club des Baltimore Ravens après la publication d'une vidéo le montrant en train de frapper sa fiancée d'alors dans un ascenseur, dans un casino d'Atlantic City.
Le scandale d'un footballeur américain filmé en train de frapper sa compagne a lancé un débat national sur les violences conjugales aux Etats-Unis. L'agression a eu lieu en février 2014 mais la vidéo complète de l'agression n'a été diffusée que lundi 8 septembre par le site people TMZ (liens en anglais) : on y voit Ray Rice, joueur des Baltimore Ravens âgé de 27 ans, battre sa fiancée d'alors, devenue entre-temps son épouse, dans un ascenseur. Inconsciente, Janay Rice est ensuite trainée au sol.
Attention, la violence de ces images peut choquer.
La diffusion de ses images a déchaîné une cascade de réactions de l'opinion publique, de la ligue de football NFL mais aussi de la victime elle-même, relançant le débat sur les violences confugales. "Nous faire revivre un moment de notre vie que nous regrettons chaque jour est horrible", a fait savoir Janay Rice lundi sur Instagram, s'en prenant aux médias. Mais son utilisation du "nous", qui l'associe aux violences, a suscité la polémique alors que ce même jour, l'équipe de football des Baltimore Ravens mettait un terme au contrat de son époux.
Jeudi, 16 sénatrices des deux camps démocrate et conservateur ont demandé par lettre à la National football league (NFL) d'adopter une politique de "tolérance zéro" et d'exclure, et non simplement de suspendre temporairement, tout joueur coupable de violences.
Naissance d'un débat national
Arrêté à la suite de l'altercation, le couple s'est défendu à plusieurs reprises. En conférence de presse, au mois de mai, Ray et Janay Rice ont tenté de minimiser l'incident, la jeune femme expliquant son prétendu rôle dans cette dispute, explique le site SbNation (lien en anglais). Si elle a d'ailleurs décidé de ne pas poursuivre son mari, les autorités pousuivent quant à elle le footballeur pour violence aggravée.
Cette information met en lumière un problème de société encore tabou aux Etats-Unis. Selon l'association de lutte contre les violences conjugales NCADV, 42,4 millions d'Américaines ont eu à subir des violences d'un conjoint dans leur vie. Selon le centre de contrôle des maladies (CDC), 1 300 personnes en meurent chaque année, soit entre trois et quatre chaque jour en moyenne.
En moins de quatre jours après la diffusion de la vidéo de l'agression, 213 000 messages ont été postés sur Twitter, en majorité par des femmes, avec le mot-clé "WhyIStayed" (Pourquoi je suis restée) alors que 60 000 expliquaient #WhyILeft (Pourquoi je suis partie). Chacune raconte en quelques mots son histoire : "Parce qu'il m'a dit qu'il me tuerait", "parce qu'il me faisait comprendre que je ne valais rien et qu'il prendrait mon fils", "parce qu'il aurait fallu expliquer mon départ et j'avais honte", "parce que je voulais croire qu'il y avait quelque chose de bien en lui", "parce que je n'avais nulle part où aller".
D'autres racontent pourquoi elles sont parties, revers de la même médaille: "Parce que je voulais que mon fils ait une mère", "parce qu'il me traitait comme mon père traitait ma mère", "parce qu'après des années de violences, j'ai su que j'allais mourir cette nuit alors je suis partie à toute vitesse, sans chaussures".
A l'origine de la campagne, Beverly Gooden, militante associative et ancienne victime, a raconté qu'elle en avait "assez de voir critiquées les femmes qui restent alors qu'elles sont battues". "Personne ne sait ce qui arrive jusqu'au jour où on prend la porte", dit-elle sur son compte Twitter @bevtgooden.
Le site TMZ "avait déjà montré la photo du visage meurtri et gonflé de Rihanna mais évidemment, elle ne montre pas le moment des coups", indique à l'AFP Lenore Walker, professeure du centre d'études psychologiques de l'université Nova Southeastern, évoquant la chanteuse battue en 2009 par son petit ami d'alors, le rappeur Chris Brown. "L'opinion publique est alertée quand il s'agit de célébrités, puis tout s'oublierait s'il n'y avait le travail des associations", dit cette directrice d'un Institut sur les violences conjugales. "Espérons que rien ne sera oublié cette fois".
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