Sarkozy dessine un lycée à la carte
Joyeux anniversaire ! A l'occasion du bicentenaire du décret du 17 mars 1808, qui pose les bases du système éducatif français, Nicolas Sarkozy offre un lifting au lycée. Prononçant un discours devant les cadres dirigeants de l'Education nationale - recteurs, inspecteurs d'académie et généraux et présidents d'université - il a dressé les contours de la réforme qu'il appelle de ses voeux.
La réforme Sarkozy point par point :
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Le constat :
C'est un constat d'échec où plutôt de “demi-échec”. “Les enfants d'enseignants et de cadres supérieurs sont 80% à faire des études supérieures; les enfants d'ouvriers 40% (...) Et que dire de ces 15% d'élèves qui sortent de l'école primaire en très grave difficulté”, déplore le président de la République, qui estime que le lycée “ne remplit pleinement aucun des objectifs”. -
La culture du résultat :
Demandant aux cadres de l'Education nationale de soutenir cette “petite révolution”, Nicolas Sarkozy affirme que la culture de l'évaluation du résultat doit irriguer l'ensemble du système. L'évaluation n'est “pas pour stigmatiser tel ou tel”, mais “un instrument très concret du pilotage”, explique le locataire de l'Elysée. -
La prédominance de la filière scientifique :
Le chef de l'Etat estime le poids de la filière scientifique trop écrasant : “Formidable ! En dehors de la voie scientifique, pas d'avenir pour nos élèves, nos lycéens, mais à la sortie, pas assez de scientifiques !” Il dénonce son utilisation comme moyen de sélection. -
Un lycée à la carte :
L'esprit de la réforme lancée par Nicolas Sarkozy, c'est un lycée “beaucoup plus souple”. Il appelle à dépasser “les impasses d'un cloisonnement trop rigide en filières (...) cette liberté plus grande donnée au lycéen le préparerait mieux à l'enseignement supérieur”. Anticipant la critique, il s'empresse de préciser que sa réforme “ne signifie pas une quelconque forme de papillonnage, elle vise au contraire une manière nouvelle, plus originale, plus individuelle, plus progressive aussi, de se spécialiser”. -
La classe de seconde :
Pour Nicolas Sarkozy, c'est l'urgence. Dès 2009, elle “devrait retrouver sa vocation à orienter les élèves, au lieu de s'éparpiller comme c'est
parfois le cas actuellement”, accuse-t-il. Au passage, il “veut aussi voir repensé l'équilibre entre cours magistraux et travail personnel”, dénonçant “la surcharge des emplois du temps, où s'empilent les options”. -
L'organisation du Bac :
L'Elysée veut “réorganiser le passage du baccalauréat” et en particulier “reconquérir de mois de juin”, actuellement dominé par l'organisation du bac dans les établissements, ce qui a pour conséquence d'envoyer les autres lycéens plus tôt en vacances. -
La formation professionnelle :
Afin de revaloriser cette filière, un Bac pro sur trois ans sera mis en place dès la rentrée 2009. -
La formation des profs :
Se déclarant conscient de “l'étendue du malaise” enseignant, il annonce le rallongement d'un an de la formation des professeurs. Elle aurait désormais lieu au sein des universités, sonnant le glas des IUFM (Instituts supérieurs de formation des maîtres). Les nouveaux concours (professeur des écoles, Capes, agrégation) seront mis en place dès 2010, ouverts aux titulaires d'un master 2. -
Revalorisation sous condition des salaires :
“En échange de cette année d'études supplémentaire, nous nous engageons à ce que les débuts de carrière soient revalorisés”. Le président annonce qu'une partie des économies réalisées sur les suppressions de postes dans l'Education nationale financera la mesure. “Nous voulons signer avec les professeurs de France (...) un nouveau pacte de confiance”, lance-t-il. Mais bien sûr, il faut être réaliste : ce pacte de confiance ne peut consister en une mesure de revalorisation générale et sans contrepartie, tempère Nicolas Sarkozy. Et il invite les professeurs à repenser “de façon responsable et constructive à une évolution de leurs pratiques et de leurs missions”. -
Le système des affectations revu :
Sans préciser ce qu'il comptait faire exactement, le chef de l'Etat a annoncé sa décision de se pencher sur ce sujet sensible : “trop souvent aujourd'hui, l'Education ne parvient ni à satisfaire le souhait d'un professeur, ni à répondre aux besoins des élèves (...) Je dis qu'on
pourrait mieux faire”, se contente-t-il de lancer. -
Le calendrier :
Dressant un tableau très général de sa réforme, il en remet les clés au ministre de l'Education, Xavier Darcos et à sa collègue de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. Ils ont à leur tour chargé le recteur de l'académie d'Aix-Marseille, Antoine de Gaudemar, de préparer la réforme du lycée. Seront consultés “très largement les lycéens, les enseignants, les chefs d'établissement et les parents”, assure le ministère. Mais là comme dans d'autres domaines, le chef de l'Etat veut aller vite. Il souhaite la mise en place de la nouvelle seconde dès 2009 et la refonte du lycée pour 2012, à la fin de son quinquennat.Grégoire Lecalot
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