Rentrée scolaire : l’école maternelle sacrifiée sur l’autel des restrictions budgétaires ?
"La scolarisation des élèves de moins de trois ans sert de variable d’ajustement", dénonce Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, principale fédération de parents d’élèves. "Quand on veut supprimer 80.000 postes en cinq ans, bien sûr on va taper dans des trucs qui ne sont pas prioritaires et la maternelle en fait partie", poursuit-il.
_ "La scolarisation des enfants de deux ans devient un luxe", ajoute le porte-parole du SNUipp Sébastien Sihr.
Sur les 16.000 suppressions de postes dans l’Education prévues à la rentrée, 9.000 sont des postes d’enseignants dans les écoles publiques, qui accueilleront simultanément 4.900 élèves de plus.
_ Conséquence : 1.500 classes seront supprimées à la rentrée dans l’Education nationale, dont un tiers en école maternelle. Avec, à la clé :
- un effondrement de la scolarisation des enfants de deux ans, passée de 35% en 2000 à 12,6% à la rentrée 2010, avec de fortes disparités géographiques
-
et des classess surchargées : "On a 30 élèves par classe, c’est dramatique pour le développement de l’enfant", dénonce valérie Marty, présidente de la Peep, deuxième fédération de parents.
De son côté, le ministère de l’Education se défend de vouloir démanteler l’école maternelle, et rappelle que la scolarisation précoce s’est toujours faite dans la limite des places disponibles.
Les parents d’élèves ont toujours été très attachés à l’école maternelle, spécificité de l’école française. La scolarisation précoce joue un rôle très important dans l’acquisition du langage, en particulier dans les couches les plus défavorisées de la population, souvent issues de l’immigration. "Donc ce sont encore ces couches-là qui vont payer le tribut des suppressions de postes", se désole le porte-parole de la FCPE.
Alors, ici et là, des initiatives se multiplient pour sauver des classes de maternelle. Comme dans un village des Hautes-Alpes où la municipalité se dit prête à prendre en charge le salaire de l’instituteur pour sauver la classe. Ou dans le Pas-de-Calais où l’on voit naître des écoles maternelles privées, hors contrat avec le ministère de l’Education.
Gilles Halais, avec agences
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