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Les maths vont-elles (vraiment) disparaître des épreuves du bac ?

Avec la suppression des filières S, L et ES à la rentrée 2019, la matière ne fait plus partie du tronc commun des matières enseignées en classe de première et de terminale. Elle devient une spécialité que l'élève pourra choisir ou non. 

Article rédigé par franceinfo
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Une professeure surveille une épreuve du baccalauréat à Strasbourg (Bas-Rhin), le 18 juin 2018. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Désormais, les mathématiques ne seront plus automatiques au bac. Dans la réforme du lycée en cours, la matière sort du tronc commun des matières enseignées en classe de première et de terminale... pour être reléguée au rang de spécialité. Ce changement de statut inquiète les professeurs, les élèves et les parents d'élèves, qui s’attendent à un désintérêt. Rangez vos calculettes : franceinfo vous explique la future place accordée aux mathématiques.

Elles sortent du tronc commun 

Jusqu'à maintenant, à l'exception des élèves en série littéraire, la très grande majorité des lycéens en filière générale suivaient des cours de mathématiques jusqu'en terminale. Avec la réforme du lycée, c'est terminé : la matière ne sera plus obligatoire. Contrairement au français, à la philosophie ou à l’histoire-géographie, elle va disparaître du tronc commun après la seconde... pour devenir une spécialité. 

Il y aura douze spécialités au total : mathématiques donc, mais aussi arts, biologie, écologie, numérique et sciences informatiques, physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre, histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, sciences de l’ingénieur, humanités, littérature et philosophie, langues, littératures et cultures étrangères, littérature, langues et cultures de l'Antiquité, et sciences économiques et sociales. Chaque élève devra choisir trois de ces spécialités en première, puis seulement deux en terminale. Une façon, argumente le ministère de l'Education nationale, de proposer des parcours à la carte.

Mais elles seront d'un niveau relevé

L'élève qui choisira la spécialité mathématiques aura quatre heures d'enseignement par semaine en classe de première, puis six en terminale. L'épreuve fera l'objet d'une épreuve écrite au baccalauréat. "On approfondira les maths beaucoup plus que par le passé mais pour ceux qui le choisissent", a assuré le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, sur BFMTV, expliquant qu'il s'agissait d'une autre manière d'envisager cette matière.

Reste à savoir combien de lycéens feront ce choix, en dehors des profils scientifiques. Le niveau relevé de cette spécialité la rendrait difficilement accessible à tous. La "spé maths" est "bien construite, mais très exigeante", presque plus qu’une première S actuelle, note Alexis Torchet, du SGEN-CFDT. Il donne un exemple : "Quid des élèves qui ont le profil de la voie ES, qui veulent faire des maths mais pas à un niveau aussi élevé que cette 'spé' ?" 

Professeur de maths à Grenoble et membre du syndicat SGEN-CFDT, Michel Imbert abonde également dans ce sens sur franceinfo. Il trouve "incroyable que des élèves qui aient besoin d'être réconciliés avec les maths au lycée n'aient de choix que d'abandonner ou de suivre un programme où ils risquent d'être complètement noyés"

Elles seront proposées sous une forme différente pour les autres élèves

L'élève qui n'optera pour la spécialité maths en première et terminale n'en sera pas pour autant complètement dispensé. Le ministère assure que "les maths seront toujours présentes hors spécialité", dans un enseignement scientifique global prévu pour tous les élèves. Cette "nouvelle" matière sera dispensée via des cours de physique ou de biologie. "Vous avez quand même un peu de maths dans le tronc commun, car vous avez un enseignement scientifique, qui inclut deux heures de mathématiques par semaine", précise le ministre de l'Éducation nationale. 

Avec la réforme à venir, les élèves pourront aussi prendre une option "mathématiques complémentaires" en terminale. Mais des professeurs s'interrogent : le feront-ils après une première sans maths ?

Le risque c’est qu’il y ait beaucoup plus d’élèves qu’avant qui ne fassent plus de mathématiques en première et en terminale.

Michel Imbert, professeur de maths

à franceinfo

Les professeurs ne sont pas les seuls à avoir quelques doutes. "Nous, on voulait qu'au moins les mathématiques continuent jusqu'à la fin de première", explique à franceinfo Samuel Cywie, porte-parole de la PEEP, l'une des principales fédérations de parents d'élèves. Il imagine déjà des casse-tête en perspective au moment de faire les choix d'orientation. "Si l'on veut faire véto, faudra-t-il prendre les spécialités mathématiques et physique ou bien mathématiques et sciences de la vie et de la Terre ?", se demande-t-il cette fois dans les colonnes du Figaro. Et si l'on vise Sciences Po ? Ou une école de commerce ?" Lui est persuadé d'une chose : "On verra les effets de cette réforme au bout de deux, trois ans."

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