"On trouve ça lamentable" : après un incident lié au voile, des professeurs du lycée Ravel de Paris "choqués" par la démission du proviseur

Menacé sur les réseaux sociaux depuis un mois après avoir demandé à une élève d'enlever son voile, le proviseur de ce lycée de l'Est parisien a finalement démissionné.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le lycée Maurice-Ravel à Paris, c'est dans cet établissement que le proviseur a été menacé de mort apres avoir demandé à une élève de retirer son voile, il a finalement démissioné. (SERGE TENANI / HANS LUCAS)

Le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris a quitté ses fonctions, a appris franceinfo mardi 26 mars. Depuis fin février, il était menacé de mort sur les réseaux sociaux, à la suite d'une altercation avec une élève pour lui avoir demandé d'enlever son voile. Dans un message transmis mardi aux parents d’élèves et aux personnels, son successeur évoque des "raisons de sécurité" pour justifier ce départ. Le rectorat de Paris parle quant à lui de "convenances personnelles". Au lycée, la communauté éducative est sous le choc.

Arnaud*, professeur au lycée Ravel, prend sur lui pour se confier. Il est tendu et pèse chaque mot quand il s’agit de défendre son proviseur : "Je suis malheureux, cette histoire est une histoire grave et a abouti à ça, alors que l'inverse aurait dû se passer." En clair, selon lui, c’est le proviseur qui paie les pots cassés et non l’élève. Mais Arnaud n’en dira pas plus.

L'ombre de l'affaire Samuel Paty

Mais comme lui, d’autres professeurs font part de leur colère à la sortie du lycée : "Nous, on est choqué, on est choqué. On trouve ça lamentable... Mais bon, si on ne peut pas le protéger autrement."

"On a tous l'impression d'une tendance qui ne va pas dans le bon sens."

une enseignante du lycée Maurice-Ravel à Paris

à franceinfo

Selon cette autre enseignante, ce n’est pas le remplacement du proviseur qui apaisera ce climat délétère entre certains élèves et leurs professeurs : "Qu'il faille, pour demander qu'une règle soit appliquée, rentrer dans un conflit qui ne devrait pas l'être... On se demande si on peut faire respecter la loi dans l'établissement ou si ça ne va se retourner contre nous avec des propos complètement inventés et complètement dingues." Une référence à l'assassinat de Samuel Paty, en octobre 2020 : une collégienne de 13 ans avait alors accusé le professeur d'avoir fait sortir les musulmans du cours pour projeter les caricatures de Charlie Hebdo. Or, celle-ci n'était pas présente, ce jour-là, à l'établissement.

Et comme si cela ne suffisait pas, de nouvelles tensions sont apparues ces derniers jours après que plusieurs fausses alertes à la bombe ont visé le lycée Ravel.

*Le prénom a été modifié

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