Manque de candidats dans l'Education nationale : "Ils ont la volonté de recruter des gens plus dociles qu'avant", dénonce l'association des professeurs de lettres

Dans certaines académies, le nombre de candidats admissibles aux oraux est plus faible que le nombre de postes ouverts, aggravant la pénurie d'enseignants.
Article rédigé par franceinfo
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Un devoir de mathématiques dans une salle de classe, à Valence (Drôme), en octobre 2018. (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS)

Y aura-t-il assez de professeurs devant les élèves à la rentrée prochaine ? Après 4 000 places non pourvues en 2022, 3 100 places en 2023, la rentrée prochaine ne sera pas épargnée. Dans certaines académies, ou dans certaines disciplines, le nombre de candidats admissibles aux oraux est plus faible que le nombre de postes ouverts. S'il est encore trot tôt pour dresser un bilan complet, plusieurs centaines de postes qui ne trouvent déjà pas preneurs déjà, notamment en allemand et en lettres classiques dans les académies de Créteil et de Versailles.

En cause, la crise d'attractivité du métier, mais aussi la réforme du concours du Capes de 2022. "Ce qu'au moins trois épreuves sur quatre évaluent, c'est la conformité du candidat avec le dogme pédagogique prescrit par l'Education nationale, détaille Romain Vignest, président de l’Association des professeurs de lettres. On ne va pas vérifier qu'il maîtrise excellemment la littérature et la langue française... Ce n'est pas ça qu'on évalue", regrette-t-il.

Pour cet enseignant de lettres, le concours met ainsi trop l'accent sur les aspects de pédagogie et de méthode, ce qui repousserait les candidats.

"Ils ne savent même pas correctement conjuguer le subjonctif"

Et cela aurait donc des conséquences bien concrètes sur le niveau des recrutés : "Vous avez des gens qui parfois n'ont jamais lu un roman de Balzac ou qui souvent n'ont jamais lu une pièce de Racine... Ils ne savent même pas correctement conjuguer le subjonctif. Parce que précisément, ce n'est pas leur savoir qu'on évalue", ajoute-t-il.

"Les conséquences pour les élèves, c'est d'avoir en face d'eux non seulement des professeurs qui sont moins compétents, mais aussi qui ne sont pas autonomes, considère Romain Vignest. Ce que je fustige, c'est la volonté de recruter des gens qui soient plus dociles que les professeurs qu'on a recrutés jusqu'à présent". 

Dans une moindre mesure, cette année, des tensions de recrutement sont à craindre en mathématiques, en lettres modernes et en physique chimie. Seule solution pour le ministère de l'Education nationale dans ces cas-là : recruter des contractuels supplémentaires.

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