Lot : une commune offre un logement gratuit à une famille pour éviter la fermeture d'une classe
Alors que la fronde contre les fermetures de classes à la rentrée prochaine se poursuit, dans le Lot les tensions se cristallisent autour de l'école de Gréalou où la maire a décidé d'attirer des parents en offrant un logement gratuit.
La fronde gagne les écoles rurales. Élus, enseignements et parents d'élèves protestent contre les fermetures de classes prévues pour la rentrée 2018. Dans le Lot, les annonces sont prévues vendredi 16 février. La maire de Gréalou est tellement soucieuse de garder sa maternelle qu'elle est passée par le site du Bon Coin pour attirer une famille avec des enfants en bas âge, en lui proposant un logement gratuit pendant un an.
Valérie Védrune, maire de la commune de 270 habitants, a pris le taureau par les cornes. "On s'est dit qu'il fallait vraiment faire venir du monde, d'où l'idée du logement, raconte la maire de Gréalou. Après, d'autres maisons se sont louées avec des familles pour inscrire les enfants qui vont rentrer dès mars - donc qui sont inscrits pour cette année - et d'autres qui sont inscrits pour la rentrée de septembre."
On fait tout pour sauver l'école de Gréalou.
Valérie Védrune, maire de Gréalou (Lot)à franceinfo
Dans cette annoncé, publiée le 3 février sur le site leboncoin et intitulée "Logement gratuit appartement T3", il est indiqué que ce logement de 60m2 est non meublé et qu'il est "composé d'une pièce à vivre comprenant cuisine, salon et coin repas, de deux chambres et d'une salle d'eau-WC". Pour s'assurer que le futur occupant aide l'école du village, la maire a pris soin de préciser : "Pas d'enfants en bas âge s'abstenir". L'annonce a évidemment trouvé preneur : une famille de l'Aveyron vient s'installer dès avril. La mairie est aussi en train de faire construire un lotissement, et plusieurs familles y ont déjà réservé des maisons.
Les villages ruraux se sentent trahis
Philippe Dufour, membre du collectif "La petite école est une chance", dans le Lot, reproche au gouvernement et au président de la République de ne pas avoir tenu ses engagements. "Il y a une promesse de monsieur le candidat Macron de faire un moratoire de cinq ans sur les écoles rurales, déclare-t-il. Ensuite, il y a eu le président Macron disant que les territoires ruraux ne seraient pas la variable d'ajustement de l'économie." Philippe Dufour rappelle aussi que "le gouvernement est venu dans le Lot faire la conférence nationale des territoires". Or, dit-il, "on apprend, même pas un mois après, donc ça veut dire que c'était déjà décidé, qu'on a une dotation de moins 17 [postes d'enseignants à la rentrée 2018] sur le département."
Au final, l'Éducation nationale pourrait ramener les suppressions de postes de 17 à 12, dans le Lot. Mais il n'est pas certain que cela suffise à calmer la grogne de ces maires ruraux qui se demandent comment faire face à la désertification rurale sans services publics.
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