Les réformes de la voie professionnelle du ministère doivent mener à une "réforme des mentalités" sur la filière
Samuel Cywie, porte-parole de la PEEP, a réagi lundi sur franceinfo aux mesures présentées par le ministre de l'Education pour revaloriser les baccalauréats professionnels.
"La vraie réforme dont on a besoin c'est une réforme des mentalités", déclare Samuel Cywie, porte-parole de la PEEP (fédération des parents d'élèves de l'enseignement public), lundi 28 mai sur franceinfo.
Le ministre de l'Education vient de présenter une série de mesures afin de revaloriser les baccalauréats professionnels, qui concernent un tiers des lycéens. Le ministère a annoncé un plan en trois grands axes visant à retravailler les spécialités afin de maximiser l'emploi, à les regrouper dès la classe de seconde en familles de métiers et enfin à introduire la présentation d'un "chef-d'oeuvre" en fin de Terminale, similaire au "grand oral" de la filière générale.
franceinfo : Que pensez-vous de ces mesures, vont-elles dans le bon sens ou restent-elles trop timides ?
Samuel Cywie : Elles vont dans le bon sens mais la vraie réforme dont on a besoin c'est une réforme des mentalités. A la différence de l'Allemagne ou de la Suisse, la filière professionnelle en France n'arrive pas à être assimilée à une filière de réussite, mais souvent à une orientation par défaut et c'est le vrai souci. Tout ce qui peut faire en sorte de valoriser cette orientation, de faire comprendre aux élèves et surtout à leurs familles qu'aller en filière professionnelle c'est aussi un passage vers l'emploi, vers la réussite, vers l'excellence, c'est positif.
Est-ce que ces annonces sont de nature à faire changer ces mentalités ?
Certaines choses sont assez intéressantes. Le fait d'avoir une seconde professionnelle organisée par métiers et ensuite des élèves qui se spécialiseraient, c'est plutôt une bonne idée. L'idée des campus ou des métiers d'excellence selon l'affiliation qu'on choisit, avec à l'intérieur des partenariats avec les entreprises, c'est également positif. Enfin, la possibilité en terminale, de choisir tout de suite entre un module pour poursuivre des études ou un module professionnalisant qui déboucherait vers un apprentissage, tout cela sont des mesures intéressantes. Il faut quand même savoir que l'apprentissage débouche quasiment à coup sûr sur un embauche derrière, alors que c'est beaucoup plus difficile pour d'autres filières.
Les freins sont-ils vraiment du côté des lycéens ou bien aussi parfois du côté des parents ?
Ils sont du côté des parents, plus que de celui des lycéens. En France, si votre enfant est bon élève, on ne pensera jamais à le laisser s'orienter dans une filière professionnelle, il y en aura certains qui iront jusqu'au baccalauréat poussés par leurs parents avant de s'orienter dans la cuisine, par exemple. On a également d'autres soucis, certaines appellations ne correspondent pas du tout au métier, il y a un vrai travail à faire pour avoir des appellations qui parlent aux familles. Je pense que c'est important de valoriser les compétences et les savoirs de chacun, c'est quelque chose qui peut participer à la valorisation de la filière dans l'esprit des gens.
Est-ce qu'il ne faut pas aussi changer la mentalité des enseignants de collège ?
On constate souvent que les enseignants en filière professionnelle ont très peu de contact avec ceux de filière générale, et trop souvent orientent les bons élèves vers la filière générale et les mauvais vers la filière professionnelle. Il y a vraiment davantage un frein du côté des adultes que de celui des jeunes.
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