Les étudiants vivent mal la réforme de la première année de médecine
A Poitiers, les 15 % d'élèves les plus mal classés seront priés dès janvier prochain de se réorienter. En juin, second écrémage plus important : les élèves trop mal classés n'auront même pas le droit de redoubler. On estime en effet que leurs chances de réussir, même après un redoublement, sont statistiquement trop faibles.
Beaucoup d'étudiants critiquent cette nouvelle sélection. Mounia, en première année à Poitiers, passe aujourd'hui et demain les épreuves tant redoutées : "ça met beaucoup de pression, c'est pas facile de savoir qu'on peut être éliminé dès la première session, ils ne nous laissent pas de chance d'aller jusqu'au bout. Il faudrait mieux laisser les gens décider eux-mêmes de leur orientation."
Pour que les étudiants ne perdent pas de temps
Une réforme impitoyable, mais qui a été pensée pour le bien des étudiants, répond le responsable de la première année de médecine à la fac de Poitiers. "Les étudiants qui sont en fond de classement n'arrivent de toutes façons pas à suivre" explique le professeur Perdrizo. "Il n'est pas utile qu'ils restent là. Il vaut mieux proposer un cursus où ils seront mieux pris en charge, pour qu'ils ne perdent pas leur temps."
Le professeur Perdrizo comme bien des enseignants de médecine s'interrogent toutefois : à l'usage, la réforme sera-t-elle juste et efficace ? Du côté de l'association nationale des étudiants en médecine, on n'y est pas franchement défavorable mais on regrette que les solutions de rechanges pour les étudiants renvoyés ne soient pas satisfaisantes. "Il y a encore beaucoup d'universités qui peinent un peu à proposer ce genre de passerelle, estime Stéphane Bouxome, vice président de cette association. On leur propose le plus souvent d'aller en biologie, alors que beaucoup d'étudiants voudraient se réorienter en droit ou en langues. Et là, il n'y a pas grand chose."
Nombre de professeurs profitent de cette réforme pour soulever la question du numerus clausus : selon eux, on devrait accorder le concours de fin de première année à davantage d'étudiants car la France manque cruellement de médecins hospitaliers et de médecins ruraux.
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