La justice annule la fermeture du collège privé musulman de Nice
Le collège musulman de Nice va pouvoir accueillir ses élèves à la rentrée prochaine, le tribunal administratif de Nice ayant confirmé, mardi 2 juillet, que les erreurs de comptabilité imputées à l'établissement ne justifiaient pas un arrêté préfectoral de fermeture.
"La préfecture prend acte de la décision du tribunal administratif tout en considérant que l'opacité des comptes de l'établissement, reconnue et admise par la juridiction, pose de véritables problèmes au regard de la loi sur le séparatisme", a réagi la préfecture dans un court communiqué.
"Avicenne sort renforcé de cette épreuve", s'est réjoui l'avocat du collège, Sefen Guez Guez, qui entend revenir bientôt devant le tribunal administratif pour contester le refus opposé aux demandes de passage de l'établissement sous contrat avec l'Etat.
Forte dépendance aux dons
Situé dans un quartier défavorisé de Nice, ce collège privé hors contrat ouvert en 2016 accueille une centaine d'élèves. La polémique ayant dopé les candidatures, il passera l'an prochain à 130 avec l'ouverture d'une seconde classe de 6e. Les autorités ne remettent pas en cause la qualité de l'enseignement prodigué, confirmé par la réussite des élèves au brevet puis dans les lycées publics.
Mais la loi de 2021 contre le séparatisme oblige les établissements hors contrat à informer l'administration de l'origine de leurs financements, et l'association Avicenne, émanation de l'Union des musulmans des Alpes-Maritimes et gestionnaire du collège, a tâtonné pour répondre aux demandes.
Les tableaux n'ont longtemps pas été dans les formes requises, et les derniers ne mentionnaient que les noms de famille des contributeurs. Les familles payant 200 euros par mois et par élève, l'association dépend fortement des dons pour boucler son budget.
Les élèves suivent le programme officiel
La décision de fermer Avicenne avait été annoncée le 26 février par la ministre de l'Education nationale Nicole Belloubet et ordonnée le 14 mars par le préfet Hugues Moutouh. Les responsables d'Avicenne avaient alors dénoncé un "acharnement".
Début juin, le directeur du collège, Idir Arab, avait aussi évoqué "un sentiment d'injustice" : "Vous avez un petit projet qui marche dans un quartier où tout s'effondre, pourquoi aller le fermer ?" D'autant que le collège demande depuis 2019 à passer sous contrat avec l'Etat français, ce qui implique un contrôle plus étendu encore des autorités publiques.
A Avicenne, les élèves suivent le programme officiel, avec en plus 1 heure 30 de langue arabe et 1 heures 30 d'éthique musulmane. Les tenues vestimentaires sont très diverses et les enseignants de toutes confessions.
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