La formation ou les cours : le dilemme des jeunes profs
Se former ou ne pas se former ? Telle est la question qui se pose aux jeunes professeurs de certaines académies, qui inaugurent le nouveau système de formation des enseignants. Le principe qui préside à cette réforme, c'est une sorte de formation en alternance. Les étudiants qui ont réussi les concours de professeur se retrouvent affectés à temps complet dans un établissement scolaire. Versés dans les effectifs, ils se retrouvent directement devant les classes pour enseigner, quand leurs aînés bénéficiaient d'une année de formation dans un IUFM.
Régulièrement, ils quittent leur établissement pour suivre des sessions de formation qui sont organisées différemment selon les académies. Il y a celles qui ventilent ces sessions sur l'ensemble de l'année, une journée toutes les deux semaines, par exemple, et celles qui les regroupent sur plusieurs jours. C'est le cas notamment des académies de Clermont et de Lille. Et c'est là que les jeunes professeurs se retrouvent pris entre le marteau de leur directeur, et l'enclume du rectorat.
Car dans ces académies, le syndicat majoritaire des directeurs d'établissements scolaires, le Snpden, a donné pour consigne à ses ouailles de refuser de laisser les jeunes enseignants quitter leurs postes pendant deux semaines pour suivre une formation. Motif : ils ne sont pas remplacés.
D'un autre côté, le rectorat a envoyé une convocation à chaque enseignant concerné. A qui obéir dans ces conditions ? Pour le Snpden, cette convocation n'est pas impérative. Et les enseignants qui iraient à leur formation s'exposeraient à un abandon de poste. Une menace tout à fait concrète, puisque les chefs d'établissements ont leur mot à dire dans la note finale des stagiaires. Proviseurs et principaux soulignent qu'assurer la continuité des cours est une obligation de l'Education nationale.
Pour certains professeurs stagiaires, notamment à Clermont, la formation commence lundi, et ils ne savent pas que dire à leurs élèves. Ces deux semaines constituent pour eux la principale session de formation de l'année. Jusqu'ici, ils n'ont bénéficié que de huit jours pour apprendre leur métier.
Le ministère et les rectorats sont restés muets et n'ont pas réagi, laissant les stagiaires décider individuellement, seul dans une situation pour le moins stressante. Le syndicat enseignant Snes a demandé à l'Education nationale de rappeler les chefs d'établissements à l'ordre, et a demandé des embauches pour pouvoir remplacer les absents. En ces temps de réduction de postes, le message risque d'avoir du mal à passer.
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