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Infographies Education nationale : les profs font-ils davantage grève sous Hollande ou sous Sarkozy ?

La CGT, FO et Solidaires appellent les fonctionnaires à la grève mardi pour dénoncer le gel de leurs salaires depuis juillet 2010.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des enseignants manifestent contre la réforme du collège, à Paris, le 19 mai 2015. (YANN KORBI / CITIZENSIDE / AFP)

Jour de grève dans la fonction publique, mardi 26 janvier. Les syndicats CGT, FO et Solidaires entendent dénoncer le gel, depuis juillet 2010, du point d'indice servant à calculer le salaire de base des fonctionnaires. Ceux-ci, selon Force ouvrière, auraient perdu, "compte tenu de l'inflation, 8% de leur pouvoir d'achat". Les enseignants – indéniablement mal payés, selon Le Monde – doivent se joindre au mouvement et les professeurs du second degré sont appelés à débrayer contre la réforme du collège. L'occasion de faire le point, en graphiques, sur les grèves de ces dernières années à partir de statistiques élaborées par le chercheur et agrégé d'histoire Laurent Frajerman, spécialiste du syndicalisme enseignant.

La tendance est à la baisse depuis 2010

Si l'on en croit les statistiques, la tendance est à la baisse. C'est ce que montre la courbe des "journées individuelles non travaillées" dans l'Education nationale pour faits de grève, établie par  Laurent Frajerman à partir des données fournies par les ministères de la Fonction publique et de l'Education nationale. Le pic est atteint en 2010, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, lors de la mobilisation maximale du corps enseignant contre la réforme des retraites et les suppressions de poste parmi les professeurs. 

Une mobilisation telle qu'elle incite Luc Chatel à casser le thermomètre. Le ministre de l'Education nationale met en place une communication qui sous-estime le nombre de grévistes, en donnant à la presse une proportion calculée sur le nombre d'enseignants du secondaire présents à 8 heures du matin. Ne sont donc pas pris en compte les enseignants grévistes qui auraient dû commencer plus tard. Le chiffre effectif des journées de grève, lui, sera établi plus tard, à partir des retenues de salaire pour faits de grève comptabilisées établissement par établissement.

L'écart avec le secteur privé se réduit

La conflictualité, note aussi Laurent Frajerman, demeure toutefois nettement plus importante dans le secteur de l'Education nationale que dans le secteur privé. Pour être plus précis, elle était de 3,5 fois supérieure en 2005, puis a été multipliée par sept en 2011, avant de retomber à des ratios plus bas : 2,3  en 2013.  

Un mystérieux pic en 2013

Les statistiques du ministère de l'Education nationale (en noir) pourraient laisser croire que le corps enseignant est bien plus satisfait du quinquennat de François Hollande que de celui de Nicolas Sarkozy. Mais est-ce si sûr ? En quête de données plus précises, Laurent Frajerman a fait appel à la Commission d'accès aux documents pour obtenir le nombre précis de journées de grève des cinq dernières années.

En s'appuyant sur les indications brutes remontant de l’application dédiée Mosart (qui effectue les retraits de salaire pour faits de grève), il obtient ainsi des chiffres surprenants pour l'année 2013, en tout cas nettement supérieurs à ceux officiellement annoncés par le gouvernement. Comment les expliquer ? Dans un article intitulé "Compter les grévistes enseignants, à quand la transparence ?", le chercheur s'interroge sur  l'éventuelle volonté gouvernementale de minorer les grèves sur les rythmes scolaires alors qu'il s'agissait d'un "enjeu politique fort". Interrogé, le ministère de l'Education n'a pas donné suite.

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