Témoignage "Il faut que justice soit rendue" : le combat de la mère de Dinah pour faire reconnaitre le suicide de sa fille comme la conséquence d'un harcèlement scolaire

Dinah avait 14 ans quand elle a mis fin à ses jours, en octobre 2021, dans sa chambre à Kingersheim, en Alsace. Ses parents sont convaincus que son suicide est lié au harcèlement scolaire qu'elle a subi. Mais il y a un an, l'enquête a été classée sans suite. Ils sont reçus par un juge d'instruction jeudi.
Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Hommage à Dinah (FREDERICK FLORIN / AFP)

Deux ans après le suicide de Dinah, ses parents et son frère sont reçus dans la matinée du jeudi 8 novembre par un juge d'instruction de Mulhouse alors que se tient la journée de lutte contre le harcèlement scolaire. "Ce rendez-vous-là, depuis qu'on nous l'a donné, on dort plus", confie Samira Gonthier, la mère de Dinah.

Dinah avait 14 ans quand elle a mis fin à ses jours, en octobre 2021, à Kingersheim, dans le Haut-Rhin. Ses parents sont convaincus que son suicide est bien la conséquence du harcèlement scolaire qu'elle a subi. Mais l'enquête a été classée sans suite il y a un an. Depuis, ils ont déposé plainte avec constitution de partie civile, pour qu'un juge d'instruction soit saisi.

"Je ne vais pas pouvoir reprendre ma vie tant que je n'aurais pas rendu à ma fille la justice qu'elle mérite. Ce n'est pas possible pour moi d'aller au cimetière et de dire à ma fille : "C'est classé sans suite, je ne peux rien faire.'"

Samira Gonthier, mère de Dinah

à franceinfo


Les parents de Dinah attendent beaucoup de leur audition devant un juge. De l'écoute d'abord, et surtout, la poursuite des investigations. "Il y a un responsable donc on veut que l'enquête reprenne", affirme Samira Gonthier.

Photo de Dinah, 14 ans. Victime de harcèlement scolaire, elle s'est suicidée à son domicile de Kingersheim (Haut-Rhin), le 5 octobre 2021. (JULIEN PENOT / RADIO FRANCE)

"Le harcèlement reste à vie, elle l'avait dans le sang"

Il y a un an, pour justifier le classement sans suite, la procureure de Mulhouse avait mis en avant la personnalité complexe et le déséquilibre psychique de Dinah. Évoquant des échanges un peu houleux avec ses anciennes amies, mais pas plus. Incompréhensible pour Samira Gonthier : "Nous, on sait que c'est ça ! Quand les policiers ont pris le téléphone de ma fille pour aller regarder ce qu'il y avait dans son téléphone, ils ont regardé que les deux derniers mois, alors qu'on leur avait demandé de regarder les deux dernières années. Le harcèlement, il reste à vie, elle l'avait dans le sang. Elle l'avait dans les veines ce harcèlement." 

"Depuis que l'affaire a été classée, on a tout de suite contre-attaqué, mais on ne vit pas, on survit. On se réveille le matin, mais on est complètement bousillé."

Samira Gonthier, mère de Dinah

à franceinfo


"Ça fait deux ans que c'est arrivé, on survit, confie la mère de Dinah. On arrive à se réveiller le matin, mais on est complètement bousillés. Il faut que la justice soit rendue à Dinah, sinon ce n'est pas possible."

L'avocate des parents de Dinah, Laure Boutron-Marmion, dit espérer beaucoup de ce nouveau temps judiciaire, à l'heure où enfin, "les mentalités changent" sur le harcèlement scolaire : "La détermination de la famille de Dinah à faire toute la lumière sur ce qui s’est passé reste intacte deux ans après le drame. Notre audition ce jeudi est une nouvelle étape majeure dans cette affaire et j’attends du juge d’instruction qu’il ordonne les investigations que nous avions déjà demandées lors de l’enquête préliminaire et qui n’ont pas été faites. À l’heure où les mentalités changent, on ne peut qu’espérer beaucoup de ce nouvel œil judiciaire face à des éléments révélés par l’enquête qui démontraient déjà que la famille a toujours dit vrai, à savoir que Dinah était victime de harcèlement scolaire dans son collège.

Pour l'avocate des parents de Dinah, les nouvelles investigations doivent notamment porter sur le contenu du téléphone de l'adolescente. Laure Boutron-Marmion demande également que le principal de son collège soit entendu.

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