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Harcèlement scolaire : "Je suis fier de cette loi, c'est un combat personnel"

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Harcèlement scolaire : "Je suis fier de cette loi, c'est un combat personnel"
Harcèlement scolaire : "Je suis fier de cette loi, c'est un combat personnel" Harcèlement scolaire : "Je suis fier de cette loi, c'est un combat personnel" (France 3)
Article rédigé par France 3 - H. Pozzo, Z. Berkous, C. Baume, B. de Saint-Jarre
France Télévisions
France 3

Dans sa nouvelle rubrique "Seconde 9", la rédaction du "19/20" de France 3 donne la parole à une mère d'enfants victimes de harcèlement et à un jeune homme qui a lui aussi souffert durant sa scolarité.

Environ 700 000 enfants et adolescents sont victimes de harcèlement scolaire, soit 5 à 6%  des élèves au total, selon des enquêtes de victimation citées par le ministère de l'Éducation nationale. La proposition de loi visant à combattre le harcèlement scolaire doit être définitivement votée par les députés le 24 février. Le texte crée un délit de harcèlement scolaire qui pourra être puni jusqu'à 10 ans de prison en cas de suicide ou tentative de suicide de la victime.

Pour évoquer cette violence, quotidienne pour beaucoup, "Seconde 9", le nouvelle rubrique du "19/20" de France 3, a invité Amina Frühauf, mère du chanteur Bilal Hassani et autrice de Etre mère - Taha, Bilal et moi (éditions Michel Lafon) et Hugo Martinez, président de l'association Hugo, qui fut lui-même victime de harcèlement

"Je les voyais malheureux mais je ne savais pas ce qui se passait"

Hugo Martinez est l'un de ceux qui sont à l'origine de cette loi. Enfant, pendant plus de 10 ans, il était harcelé. Les sobriquets déplaisants, mais aussi les coups et les humiliations sur les réseaux sociaux... Autant de chocs psychologiques qui ont miné cet élève pourtant très en avance en primaire. La nourriture est devenue son refuge, la prise de poids son corollaire. Avec toujours plus de vexations. Jusqu'à ce qu'il crée l'association Hugo pour  lutter contre le harcèlement. Il a alors 18 ans et de Lyon entame un combat qui va le libérer. C'est un jeune homme sûr de lui et intarissable sur le sujet s'assied dans les fauteuils de "Seconde 9". "Je suis fier de cette loi, c'est un combat personnel", confie-t-il.   

À ses côtés, Amina Frühauf, la mère du chanteur Bilal Hassani et de son frère Taha, eux aussi victimes de ces violences destructrices. La maman raconte le calvaire des parents d'enfants harcelés. "Si seulement une école des parents existait", glisse-t-elle. "Je les voyais malheureux mais je ne savais pas ce qui se passait", raconte Amina Frühauf. Lui vient alors l'idée du "confessionnal du dimanche". Chaque semaine, elle réunit ses deux enfants autour de la table basse du salon et leur propose "de parler de tout et de rien". À charge pour elle "d'essayer de répondre à toutes leurs interrogations".    

Un comportement qui "a des répercussions sur la construction d'une famille" 

Leur parole se libère. Ses enfants lui racontent les vexations, le harcèlement...  Parce que l'un, Taha, à les cheveux "trop" frisés ou qu'il est jugé "trop" gentil avec les filles. Parce que l'autre, Bilal, marche "comme une fille" ou danse sur des airs de Britney Spears en cour de récréation. "C'est très difficile pour un enfant de rentrer à la maison et de dire à ses parents qu'on est harcelé", explique la maman. Son "stratagème", comme elle l'appelle, fonctionne. Ses enfants se confient. Reste à faire passer un message, son message : celui de la liberté de vivre tel que l'on est.   

"Les collégiens sont confrontés à ce que c'est que la vie, car dans la vie il y aurait une case pour chacun avec des critères imposés par la société, et très hétéronormés. Et il faut répondre à cela car sinon on vous attaque", déplore-t-elle. Hugo Martinez écoute et renchérit : "La différence fait la richesse du monde !" Le jeune homme insiste sur un point crucial à ses yeux : "Le harceleur, lui aussi, doit pouvoir exprimer son mal-être, car dans 9 cas sur 10 il est un ancien élève harcelé ou il a en lui une différence qu'il veut cacher. En mettant en lumière - en fait en harcelant - quelqu'un d'autre pour vivre lui tranquille !" Un comportement, insiste-t-il, qui "a des répercussions sur la construction d'une famille, le travail".   

Accompagner les harcelés, reconstruire aussi les harceleurs, car les répercussions sur des vies entières sont aujourd'hui connues, documentées : la loi qui sera proposée aux députés jeudi prochain ira dans ce sens. Le délit de harcèlement sera aussi accompagné de dispositifs permettant une meilleure prise en charge, un accompagnement. Mais Hugo Martinez n'oublie évidemment pas les jeunes harcelés et leur reconstruction qui peut passer par un accompagnement et par une nouvelle prise de conscience de soi. Par la découverte de passions nouvelles, culturelles, sportives ou autres. Une alternative à la violence pour les uns, un moyen de se reconstruire pour les autres. 

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