Cet article date de plus de neuf ans.

Harcèlement à l'école : un "phénomène de groupe" avant tout

Najat Vallaud-Belkacem a adressé mardi un courrier aux personnels de l'Education nationale pour les sensibiliser au harcèlement scolaire. Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, estime qu'on ne voit pas toujours qu'un enfant est harcelé. "Parfois, les victimes ne sont pas capables de dire qu’elles sont victimes".
Article rédigé par Laetitia de Germon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La harcèlement est rarement le fait d'une seule personne © Fotolia)

Najat Vallaud-Belkacem a adressé ce mardi un courrier à l'ensemble des personnels de l'Education nationale afin de leur rappeler les différents outils mis à leur disposition pour travailler autour du harcèlement. Le ministère estime à 383.830 le nombre de victimes de harcèlement sévère du CE2 au lycée et à 700.600 si l'on inclut les victimes de harcèlement modéré, tandis que 4,5% des collégiens subissent du cyber-harcèlement.

L’action de la ministre est intéressante car "on est dans une vraie continuité de l’action publique, des messages envoyés ", estime Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire. "C’est la première fois qu’une ministre décide d’écrire directement aux enseignants pour montrer l’importance qu’elle attache à ce type de choses. "

Les signes ne sont pas toujours évidents

La ministre parle d’outils, mais les enseignants sont-ils assez formés et ont-ils vraiment les moyens d’agir ? Il y a ce qu’il faut pour, mais le problème vient du fait qu’il y a "une telle masse de formations à mettre en place, de personnes à informer, à sensibiliser qu’il faut du temps ", explique Eric Debarbieux.

Les parents et les enseignants ne voient pas toujours que l’enfant est harcelé. "Parfois on ne le voit pas parce que les victimes ne sont pas capables de dire qu’elles sont victimes, parfois parce qu’elles ont honte, pour ne pas paraître faibles ou parce qu’elles ont peur. " Les signes ne sont pas toujours évidents mais on peut malgré tout les repérer : baisse des notes, des petits maux comme le mal de tête le lundi matin, l’absentéisme…

Les harceleurs

Il n’y a pas de profil type du harceleur. Cela peut être un enfant qui fait l’imbécile, qui va être collé régulièrement, aux résultats moyens, mais cela peut aussi être un très bon élève, qui ne se fait pas remarquer. "Le harcèlement, il ne faut pas le prendre avec l’idée qu’il n’y a qu’un harceleur. C’est un phénomène de groupe ", explique Eric Debarbieux. Régulièrement, un élève entraîne plusieurs autres dans son sillage.

 

Le harcèlement est souvent le résultat d’un rejet de la différence et il peut prendre des tournures racistes, homophobes…. "C’est pour cela que dans le débat, on explique les valeurs de l’école, de la République, comment on les met en œuvre dans le vivre ensemble. "

 

A long terme, on remarque que les harceleurs sont des adultes au chômage, ou sans responsabilité dans leur travail ou des adultes maltraitants.

"Il y a une telle masse de formations à mettre en place qu’il faut du temps" : Eric Debarbieux,délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.