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Dédoublement des CP dans les zones défavorisées : parents et syndicats craignent "une course aux postes" et des fermetures de classes

Le dédoublement des CP dans les quartiers les plus défavorisés doit s'appliquer à 2 500 classes dès la rentrée de septembre. Problème : il manque des postes d’enseignants et dans certaines communes, on ferme des classes. Franceinfo s’est rendu dans l'une d'elles, près de Rouen. 

Article rédigé par Solenne Le Hen, franceinfo - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Il n'y aura plus qu'une classe de maternelle l'an prochain à Saint-Aubin-Epinay.  (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

Moins d'élèves dans les CP des quartiers les plus défavorisés et, dans le même temps, une pénurie de postes d'enseignants : l'équation est difficile à résoudre. Le dédoublement des CP dans les REP+ (réseaux d'éducation prioritaire renforcés) doit s'appliquer à 2 500 classes dès la rentrée de septembre.

A Saint-Aubin-Epinay, village d'un peu plus de 1 000 âmes, l'école maternelle va connaître un petit creux démographique en septembre. L'inspection de l'Education nationale a tranché, l'une des deux classes doit fermer. En conséquence, une seule classe ouvrira en septembre, elle regroupera trois niveaux (petite, moyenne et grande section) et accueillera… 35 élèves. "Je ne comprends pas", se désole Aurélia, dont la fille sera concernée l’an prochain. 

Il nous a été dit en réunion par l’inspectrice de notre secteur qu’il fallait d’urgence trouver une trentaine de postes pour pouvoir mettre 12 élèves par classe en zone prioritaire en CP

Julien, parent d'élève à Saint-Aubin-Epinay

à franceinfo

Le dédoublement des classes de CP est l'un des principaux projets du quinquennat d’Emmanuel Macron en matière d'éducation. La mesure consiste à limiter à douze élèves maximum les élèves de CP. Pour satisfaire à cet objectif, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, annonçait il y a quelques jours la création de 2 500 postes d'enseignants en septembre. Mais il a oublié de préciser que ces créations avaient été prévues et budgétées par l'ancienne majorité et qu’elles étaient destinées à l'origine à tout autre chose, comme au dispositif "Plus de maîtres que de classes", à des ouvertures ou à des maintiens de classes. 

Dans nos communes, l’école c’est quand même la vie du village. Des petites communes où justement ils essaient de fermer des classes.

Benoit Anquetin, maire de Saint-Aubin-Epinay

à franceinfo

Contactée, l'inspectrice de la circonscription s'en défend. Elle explique qu'à Saint-Aubin-Epinay, l'une des deux enseignantes est bien mutée, mais ne sera pas affectée à du dédoublement de classe. Marceau Privat, responsable du syndicat enseignant SNUipp, dénonce un faux argument. "L’enseignante ne partira pas sur du dédoublement de classe mais le poste budgétaire qu’elle libère du fait d’une fermeture va évidemment être réinjecté dans les CP à 12, explique-t-il. Dans le département de Seine-Maritime, 47 postes sont nécessaires pour faire des CP à 12 en REP+. L’inspectrice de l’académie fait avec les moyens du bord", poursuit-il.

C’est la course aux postes et, quoi qu’il arrive, l’inspectrice de l’académie essaie de récupérer des postes par tous les moyens. C’est vraiment scandaleux.

Marceau Privat, du SNUipp

à franceinfo

Le ministre Jean-Michel Blanquer a pourtant promis que pour ce projet de dédoublement de classes, il ne déshabillerait pas Pierre pour habiller Paul. Ce qui fait dire à un responsable du syndicat Unsa : "Oui, d'accord, mais Pierre, à la fin, il ne va plus lui rester que les chaussettes !"

Reportage de Solenne Le Hen à Saint-Aubin-Epinay pour franceinfo

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