Conseil disciplinaire au primaire : "Je n'en pense pas du bien", lance le SNUipp-FSU

La syndicaliste Guislaine David s'est montrée opposée à l'idée de créer des conseils disciplinaires dès le primaire. Elle appelle plutôt à une approche "éducative" et à faire de "la prévention".
Article rédigé par franceinfo
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Guislaine David, co-secrétaire nationale du Snuipp-fsu, le 29 septembre 2022. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS via AFP)

Alors que le gouvernement a annoncé réfléchir à la mise en place de "conseils disciplinaires très tôt", la co-secrétaire nationale du syndicat enseignant Snuipp-FSU Guislaine David, s'y est montrée défavorable. "Je n'en pense pas du bien", a-t-elle réagi lundi 8 avril sur franceinfo.

Cette annonce intervient après la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac jeudi 4 avril à la sortie de son collège de Viry-Châtillon (Essonne) ou l'agression de Samara, 13 ans, devant son collège de Montpellier le 2 avril. "Nous devons agir dès les premiers signes, dès le primaire par exemple avec la mise en place de conseils disciplinaires très tôt" pour "responsabiliser tous les adultes autour de l'enfant", a déclaré la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot lundi 8 avril sur France 2. 

Pour Guislaine David, cette mesure ne prend pas en compte ce qui se fait déjà sur le terrain et dans les écoles : "Il y a des choses qui se font déjà lorsque l'élève ne respecte pas la règle", rappelle-t-elle. Des actions "en concertation au sein des équipes, entre les enseignants et ça peut se faire aussi avec les parents parce qu'on discute aussi avec eux".

Besoin de soins

La co-secrétaire générale explique que les parents "font partie de l'équipe éducative, ils sont reçus et on discute des solutions qui peuvent être mises en place pour leur enfant". Un des avantages, selon elle, à l'école, c'est d'avoir "un contact très régulier avec les parents. On les associe et on les convoque quand il y a des difficultés avec leur enfant".

"Certains élèves ne vont pas bien", reconnaît Guislaine David qui ajoute : "Ces élèves-là ne sont pas ceux qui vont enfreindre la règle par pur plaisir. Ce sont des élèves qui psychologiquement sont en difficulté, en besoin de soins". Des soins inaccessibles d'après la porte-parole à cause du manque de professionnels : "On a des psychologues scolaires qui manquent à l'appel : 900 postes ne pas pourvus", assure-t-elle.

Besoin "de repères et de cadres"

"Si on met en place un conseil de discipline, qu'est-ce qu'il va se passer derrière ? Une fois le conseil passé, qu'est-ce qu'on fait de l'élève ? Est-ce que le déplacer d'une école à une autre va être une solution ?", questionne Guislaine David, qui reconnaît que les enseignants de primaire ont un rôle à jouer : "C'est notre rôle en tant qu'enseignant de réguler la violence et les conflits entre les élèves quand on est dans la cour de récréation et ça on peut le faire".

Toutefois, la co-secrétaire ne souhaite pas que l'école primaire soit vue comme responsable des problèmes rencontrés ensuite au collège : "On ne peut pas rejeter la faute sur l'école primaire avec ce qu'il se passe aujourd'hui". Elle ajoute : "On ne peut pas dire que nos élèves de primaire sont des délinquants en puissance qui vont se développer au collège. Certains ont des difficultés de comportement, il faut pouvoir les aider mais il faut des moyens supplémentaires". Elle préconise de mettre en place des adultes autour de ces élèves "parce qu'ils ont besoin de repères et de cadres". Des mesures qui passent par "l'éducatif", non "la punition et la sanction comme le veut Gabriel Attal au sein des conseils de discipline". "Il faut pouvoir régler de façon éducative ces choses-là et ça passe par la prévention", conclut-elle.

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