Calvados : des sanctions pour les collèges où l'on redouble trop
Cette décision est une première en France.
Dès la rentrée prochaine, les collèges du Calvados qui ont un fort taux de redoublement scolaire seront sanctionnés.
Ce système dit de "bonus malus" consiste à retirer jusqu'à dix heures de cours par semaine aux collèges qui ont plus de redoublants. Inversement, les collèges qui ont peu ou pas de redoublants recevront jusqu'à six heures de cours supplémentaires.
De sources syndicales, le malus sera déclenché à partir d'un taux de redoublement de 2,5%.
L'information a été révélée lundi par Ouest-France. Selon le quotidien, l'initiative caennaise pourrait être étendue l'an prochain à l'Orne et à la Manche, ou "abandonnée si la situation de s'améliore pas".
Sur 63 collèges dans le Calvados, 31 devraient subir une perte d'heures à la rentrée prochaine.
L'inspection académique estime que ces sanctions pourraient pousser les établissements à tout mettre en œuvre pour éviter les redoublements.
_ Jean-Charles Huchet, l'inspecteur d'académie, minimise la portée de la mesure. Pour lui, "les redoublements ne servent à rien. C'est la principale cause de décrochage scolaire".
Côté syndicats, cette mesure est vivement critiquée.
Les établissements qui ont beaucoup de redoublants "ont au contraire besoin de plus de moyens" pour s'occuper des élèves en difficulté, affirme un principal de collège à la FSU.
La FCPE, première fédération de parents d'élèves au niveau national, a également condamné cette mesure.
Une mesure qui relance le débat sur le redoublement en France. François Dubet est sociologue et n'approuve pas cette méthode.
La France, parmi les championnes du redoublement scolaire en Europe.
Une étude Eurydice commandée par la Commission européenne au sujet du redoublement a rendu ses conclusions en janvier dernier.
Selon celles-ci, au niveau de l'école primaire, la France affiche 17,8% de taux de redoublement quand la Grèce est à 2% ou l'Autriche à 4,9%.
_ Au collège, les taux de redoublement vont de 0,5% en Finlande à̀ 31,9% en Espagne quand il est de 23,5% en France.
"C'est une culture du redoublement qui expliquerait son recours
fréquent", indique ce rapport.
"Celle-ci doit être remplacée par une autre approche de la gestion des difficultés d'apprentissage des élèves. En définitive, le défi majeur réside plus dans
la remise en question de certaines convictions et croyances qu'en des changements de réglementations", ajoute le rapport.
Clara Beaudoux, avec agences
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