Sport : au Sénégal, le rugby aide les femmes à s'émanciper
Au Sénégal, les femmes prennent le ballon ovale pour se libérer de certains poids de la société. Les joueuses de l'équipe nationale de rugby s'apprêtent à participer à la prochaine Coupe d'Afrique.
Anna Preira, capitaine de l'équipe nationale de rugby sénégalaise féminine, a lancé cette discipline encore inconnue il y a dix ans au Sénégal. C'est ce sport qui lui a appris à ne jamais renoncer. "C'est un beau sport pour les femmes. Ce sport, ça te forge. Des milliers de femmes jouent au rugby, c'est une fierté de les regarder s'amuser, rigoler, s'énerver, mais continuer", explique-t-elle. C'est en 2010, avec les moyens du bord, qu'Anna Preira monte la toute première équipe nationale, qui défend désormais les couleurs du Sénégal en compétitions officielles.
"Il y a des préjugés"
Imposer le rugby féminin au Sénégal n'avait rien d'une évidence. Au-delà du manque de moyens, la discipline est mal perçue dans ce pays conservateur. Anna Preira a dû aller chercher les filles une par une pour les convaincre qu'elles pouvaient pratiquer ce sport sans risque. "Il y a des préjugés, parce qu'on te dit qu'avec le contact, tu peux perdre ta virginité, or c'est faux. Quand une fille va au sport, on la dénigre en la traitant de femme qui veut devenir un homme ou qui ne veut pas avoir d'enfant", déplore-t-elle. Anna a vu beaucoup de ces coéquipières abandonner le rugby au moment de fonder une famille, parce que les maris refusent souvent que leur femme pratique ce sport. Mais la jeune capitaine a déjà remporté une victoire, puisqu'au Sénégal, plus de la moitié des licenciés de rugby sont des femmes.
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