Journée internationale de la fille : dans certains pays, elles sont "des citoyennes de dernière zone"
A l'occasion de la journée internationale de la fille mercredi, le directeur général de l’ONG Plan International France, Yvan Savy, rappelle que "les enfants sont souvent laissés pour compte dans des contextes très difficiles et parmi les enfants, les filles sont la dernière roue du carrosse".
Le 11 octobre est la journée internationale de la fille, une journée sous l’égide de l’ONU depuis six ans qui est consacrée cette année au thème : Autonomisons les adolescentes : avant, pendant et après les crises.
Dans le monde, les filles restent les premières victimes d'inégalités, d'exclusion, de discriminations et d'abus de toutes sortes. Yvan Savy, directeur général de l’ONG Plan International France, invité mercredi 11 octobre sur franceinfo, estime que dans certains pays, les filles sont "des citoyennes de dernière zone".
franceinfo : Pourquoi une journée internationale de la fille ?
Yvan Savy : Cette journée a été inscrite à l’agenda de l’ONU dans la perspective des pays en développement où il y a beaucoup à faire. Des pays où les populations sont jeunes. Souvent la moitié de la population a moins de 18 ans et les filles vivent des discriminations dès leur naissance : absence de soins, difficultés à être bien nourries. Ensuite ça enchaîne sur l’accès à l’éducation, la protection, le problème des mariages précoces qui est très préoccupant.
Quels programmes met en place votre organisation ?
On travaille avec les familles, les parents, les instituteurs et les leaders religieux pour faire évoluer les mentalités et pour faire comprendre qu’on doit pouvoir investir dans l’avenir de sa fille en l’éduquant. C’est le meilleur choix à faire, pour elle, pour lui garantir une vie de femme épanouie. Nous, on accompagne les filles avec des bourses scolaires. On aide les mamans à avoir de meilleurs revenus (...) pour que les filles ne soient pas chargées des tâches domestiques (…) pour avoir le temps d’étudier. On travaille aussi sur l’accès à l’école et le chemin à l’école qui peut être un chemin dangereux (…), on organise des transports en commun pour que les filles se sentent en sécurité. Dans les établissements, on travaille aussi avec les enseignants pour que les méthodes pédagogiques soient douces et qu’il n’y ait pas de risque pour les filles ou d’envie de quitter l’école.
Les filles sont clairement moins bien loties que les garçons ?
Ce sont des citoyennes de dernière zone. Les enfants sont souvent laissés pour compte dans des contextes très difficiles et parmi les enfants, les filles sont la dernière roue du carrosse donc il faut absolument garantir à ces filles la protection et l’éducation. C’est la moitié de l’humanité. Si on investit dans l’éducation, elles amènent des effets très positifs dans leur pays et des effets positifs pour leurs propres enfants.
Une fille est déjà vue comme une femme dans certains pays, elles n’ont pas d’enfance ?
Dès leur naissance, leur destinée est de quitter la famille, pour être mariées. Donc, il n’y a pas d’investissement de la part des familles. Les filles sont considérées comme un fardeau. Et lorsqu’elles rejoignent des familles elles ne sont souvent pas très bien accueillies. Les mariages précoces, ça commence dès l’âge de 12 ans et parfois même avant dans certains endroits. Et c’est la fin pour ces filles de toute perspective. (…). La pauvreté est un énorme frein à l’éducation pour les filles en particulier, vous avez des traditions, des modes de transmission patriarcaux pas très linéaires et vous avez des normes sociales où les femmes n’ont pas le droit de prendre des décisions. Nous travaillons à tous ces niveaux et avec les Etats nous travaillons à faire évoluer les lois. Pour le mariage précoce, il y a encore 140 Etats où l’âge de mariage minimum est en dessous de 18 ans.
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