Cet article date de plus de dix ans.

Des femmes critiquent le féminisme en postant des photos d'elles sur Facebook

Plus de 6 000 personnes suivent la page Women Against Feminism où elles laissent des commentaires destinés à expliquer pourquoi elles sont contre le féminisme. 

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture d'écran d'une photo postée sur la page Facebook Women Against Feminism, le 14 juillet 2014. (WOMEN AGAINST FEMINISM )

"Je n'ai pas besoin du féminisme." Chaque message posté sur la page Facebook Women Against Feminism (femmes contre le féminisme) et son Tumblr commencent par cette assertion. Des femmes se font prendre en photo avec une pancarte expliquant pourquoi elles s'opposent au féminisme. Sur Facebook, plus de 6 000 personnes suivent cette page et plus de 8 000 internautes sur le Tumblr. Francetv info décrypte les revendications de ces femmes.

Une initiative américaine

La page Facebook Women Against Feminism a été créée aux États-Unis le 3 janvier 2014. Depuis, des femmes, âgées entre 18 et 24 ans, si l'on en croit les statistiques fournies par le réseau social, ont posté une photo d'elle avec, à chaque fois, une phrase explicative. 

Sur Facebook, peu d'informations sont disponibles quant à l'identité du ou des créateurs de cette page. Difficile donc de savoir qui se cache derrière cette initiative qui pourrait être individuelle ou portée par une association.

"Je n'ai pas besoin du féminisme, car je ne me sens pas oppressée, je ne suis pas une victime, je n'ai pas besoin d'aide. S'il y avait un genre neutre, il n'y aurait pas de femmes", écrit cette jeune femme. 

Ce que disent ces anti-féministes

Leur argumentaire se décline autour de huit points, comme le précise la version anglaise de Marie Claire (en anglais)

1. L'égalité des droits existe déjà.
2. Le féminisme s'apparente à de la censure.
3. Le féminisme promeut l'idée que les femmes sont de petites choses fragiles.
4. Le féminisme fait de la discrimination anti-hommes.
5. L'idée que le patriarcat existe est un fantasme.
6. C'est votre choix d'avoir un salaire égal à celui d'un homme ou non.
7. Les féministes exagèrent les statistiques sur le viol.
8. Le féminisme sert à contrôler les autres femmes.


"Je n'ai pas besoin du féminisme, car je ne veux pas qu'on instrumentalise mon genre."

"Je n'ai pas besoin du féminisme, car si je porte un haut comme celui-ci, c'est pour que tu regardes."

Beaucoup expliquent qu'elles veulent l'égalité par rapport aux hommes et non la "supériorité".

"Je n’ai pas besoin du féminisme pour m’offrir une augmentation non méritée et gagnée en travaillant moins qu’un homme. Je veux l’égalité et pas un privilège. PS : faire à manger pour mon petit copain quand il rentre fatigué du travail ne me dévalorisera pas."

Ce que leur répondent les féministes

Les mouvements féministes n'ont pas manqué de réagir à ces publications. Le site Total Sorority Move a choisi de contrer les arguments des anti-féministes, en posant elles-mêmes avec des pancartes ironiques, relaie Grazia. Par exemple, face au post : "Je n'ai pas besoin de féminisme parce que les hommes de ma vie s'occupent de moi et me respectent (oui cela existe). Les hommes ne sont pas des porcs", la réponse est : "Nous sommes très contentes pour toi ! Tu es différente de toutes les autres femmes". 

Sur Rue 89, une journaliste fait part de sa consternation dans un billet et préfère opter pour le second degré : "La féministe ne fait JAMAIS la cuisine pour son conjoint. Elle préfère plutôt manger ses testicules. C’est d’ailleurs sa victime émasculée qui cuisine ses propres attributs fraîchement coupés, en se tortillant de douleur (la sale féministe refuse de toucher une casserole)".

Plus mesuré, le site internet de Madmoizelle estime "qu'elles sont féministes, quoiqu’elles en disent", car elles "prônent l’égalité entre les sexes et dénoncent toutes formes d’inégalités entre eux". L'article conclut que ces femmes, plutôt que de critiquer le féminisme, s'élèvent en réalité contre une certaine forme de militantisme.

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