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De la marche des femmes de 1789 aux prémices de #MeToo, l'expo "Parisiennes citoyennes" raconte les combats féministes

L'exposition au musée Carnavalet est de jeter des ponts entre les époques et les générations de femmes en lutte pour leur émancipation collective.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
6 octobre 1979, Marche des femmes. Groupe de femmes assises faisant le signe "féministe". Photo de Pierre Michaud tirée de l'exposition Paris Citoyennes, au musée Carnavalet. (PIERRE MICHAUD / GAMMA RAPHO)

"Le féminisme n'est pas comme voudrait nous faire croire certains adversaires de mauvaise foi un programme de revendications émanant de quelques vieilles filles aigries dans le célibat et d'épouses acariâtres déçues par une union malheureuse." Ces propos de l'avocate Maria Vérone dans les années 30 disent beaucoup du chemin de croix qui a pu être celui des femmes en France vers l'égalité de 1789 à 2000, période choisie par l'exposition "Parisiennes citoyennes", au musée Carnavalet. Une expo qui ne se veut d'ailleurs pas une histoire du féminisme, mais bien celle d'une émancipation collective. Et même si les pionnières dont les prénoms ouvrent le parcours ne sont pas oubliées, comme Olympe de Gouges ou Joséphine Baker, rien n'aurait changé sans la mobilisation de nombreuses anonymes. 

"L'exposition traite des mouvements collectifs, explique Catherine Tambrun, l'une des trois commissaires de l'exposition, avec bien sûr des figures féminines qu'on fait ressortir. Mais l'objectif était de montrer cette dynamique incroyable qui a permis ces combats féministes." L'important travail réalisé pour cette exposition au musée Carnavalet porte sur la pédagogie et la remise en contexte. Aucune photo, aucun tract n'est laissé sans explications et on apprend forcément des choses. Au XIXᵉ siècle, par exemple, il était interdit aux femmes de se réunir à plus de cinq. Il a même été envisagé de ne pas les autoriser à lire. Et chaque avancée sociétale ou presque, a été suivie d'un recul brutal.

Éventail suffragiste "Je désire voter", affichant le résultat d’un référendum organisé par "Le Journal" du 26 avril au 3 mai 1914, ayant réuni 505 972 voix en faveur du vote des femmes. (MAISON CHAMBRELENT ET CROIX SUCCESSEUR, ÉVENTAILLISTE PUBLICITAIRE COLLECTION CPHB © REBECCA FANUELE)

Construite à la fois chronologiquement et par thèmes, l'exposition revient bien sûr sur le droit de vote en 1945, la loi Veil de 1975, la création du MLF, entre autres moments fondateurs, avec des ponts entre les époques. "On parle de la non-mixité – mais ça, c'est depuis 1832 – ou d'intersectionnalité. Et le viol, c'est dénoncés pour les journées de 1972 à la Mutualité. L'idée, c'était de remettre un peu d'histoire et aussi de remettre de l'histoire à l'intérieur de Paris. On est sur le territoire parisien et cette histoire, on la raconte depuis Paris."

"Parisiennes citoyennes" s'arrête en 2000. Un choix délibéré au motif que certains mouvements de la société comme MeToo, apparus il y a cinq ans presque jour pour jour, n'est pas encore terminé. 

Parisiennes citoyennes ! Engagements pour l’émancipation des femmes (1789-2000), jusqu'au 29 janvier 2023 au musée Carnavalet (Paris).

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