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Campagne anti-avortement aux États-Unis : "Même quand les lois existent elles ne suffisent pas"

Véronique Séhier, coprésidente du planning familial en France, a réagi sur franceinfo alors que le droit à l'avortement est mis en cause dans plusieurs États des États-Unis.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Manifestation de militants "pro-choix" devant l'unique clinique qui pratique encore l'IVG dans le Missouri, le 31 mai 2019. (SAUL LOEB / AFP)

La justice américaine a octroyé vendredi 31 mai un court répit à l'unique clinique qui pratique l'IVG dans le Missouri, alors que le droit à l'avortement est mis en cause dans plusieurs États des États-Unis. Dans six d'entre eux, il ne reste qu'un seul centre qui pratique l'IVG, et ce malgré la Constitution américaine qui garantit le droit à l'avortement. Mais "même quand les lois existent elles ne suffisent pas", a estimé sur franceinfo Véronique Séhier, coprésidente du planning familial en France. Selon elle, "on peut faire un parallèle entre le recul des droits des femmes et le recul de la démocratie dans certains pays".

franceinfo : Aujourd'hui de nombreuses femmes ne peuvent plus pratiquer d'avortements aux États-Unis, c'est cela la réalité aujourd'hui ?

Véronique SéhierOui, on le voit, il y a des offensives juridiques et contre le planning familial en termes de financements. Mais on voit aussi combien les femmes sont culpabilisées et empêchées d'avorter. Hors, on sait très bien que quand l'avortement est illégal dans un pays, les femmes avortent quand même mais de façon clandestine, en mettant en danger leur vie et leur santé. Aujourd'hui 47 000 femmes dans le monde meurent chaque année d'un avortement qui s'effectue dans de mauvaises conditions. Donc il faut vraiment que l'avortement soit légal. Mais même quand les lois existent elles ne suffisent pas, et on voit aux États-Unis aujourd'hui avec toutes les menaces qui s'exercent contre les médecins qui pratiquent des avortements, et toutes les menaces qui s'exercent contre les femmes, et qui amènent certaines femmes à des gestes désespérés. Donc il est absolument urgent de protéger ce droit pour qu'il puisse être exercé par toutes les femmes.

Ce mouvement anti-avortement existait avant l'élection de Donald Trump. S'est-il radicalisé depuis ?

Oui, car ils veulent renverser l'arrêt de la Cour suprême Roe v. Wade mais on sait que la majorité des Américains sont contre un retour en arrière. C'est vraiment une offensive des anti-choix qui met les femmes en danger. Moi je les appelle les anti-choix, pas les pro-vie, car on sait très bien que quand on interdit l'avortement on provoque la mort de femme, en les mettant en danger. Donc se dire pro-vie en empêchant des femmes d'avorter, non. Car ces personnes savent très bien qu'en voulant interdire l'avortement, elles condamnent des femmes. Une femme qui ne veut pas garder une grossesse fera tout pour avorter.

Quelles sont les conditions de travail aujourd'hui de vos homologues du planning familial aux États-Unis ?

Ce sont aujourd'hui les seuls centres qui assurent une forte gamme en termes de santé sexuelle et reproductive, et qui accueillent aussi les femmes qui en ont le plus besoin, qui sont les plus pauvres. Dans ces circonstances, les femmes qui ont de l'argent, elles trouvent toujours le moyen d'avorter dans des conditions correctes. Le problème se pose aujourd'hui pour toutes les personnes qui n'ont pas l'accès aux soins, qui n'ont pas les moyens, en fait les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables. Et c'est pour cela que le planning familial aux États-Unis se bat aujourd'hui pour pouvoir exister, et pour avoir les moyens d'exister, c'est pour répondre aux besoins des personnes qui sont loin aujourd'hui de pouvoir se payer des avortements chers. Parce qu'aujourd'hui les anti-choix n'empêchent pas les femmes riches d'aller avortement si elles en ont besoin.

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