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Droit à l'information : RSF réclame la création d'"un pass-média pour les 15/24 ans comme il existe un pass-culture"

Reporters sans frontières publie un livre blanc intitulé "30 propositions pour le droit à l'information", dans la perspective des états généraux du droit à l'information, prévus cet automne.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire, en octobre 2022. (LOU BENOIST / AFP)

"Il nous semble important d'avoir un pass-média pour les 15/24 ans comme il existe un pass-culture", réclame Reporters sans frontières dans son livre blanc intitulé 30 propositions pour le droit à l'information. Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, a exposé cette recommandation mardi 22 novembre lors du festival Médias en Seine qui se tient à la Maison de la Radio et de la Musique et au siège des Echos-Le Parisien. "On a besoin de sécuriser les droits et les devoirs des journalistes mais aussi d'accorder des droits à ceux qui reçoivent des contenus et qui peuvent être manipulés", ajoute Christophe Deloire. Ce libre blanc publié dans la perspective des "états généraux du droit à l'information", prévus cet automne, est né des rencontres citoyennes organisées par RSF lors de la tournée du #BusRSF dans 20 villes et villages de France du 24 mars au 9 avril.

franceinfo : Pourquoi avoir voulu mettre en place cette idée des tournées de bus et organiser ces assemblées citoyennes ?

Christophe Deloire : Il y a une question qui se pose, c'est la relation bilatérale entre les journalistes et le public et on s'est dit qu'il fallait travailler là-dessus et que le meilleur moyen de le faire, c'était d'aller discuter en organisant des assemblées citoyennes où tout le monde, journalistes et non journalistes, est dans la même salle pour essayer de trouver des solutions. A chaque fois il y a eu des contributions constructives, ça n'a pas été des débats polarisés, ça a été une recherche, où tout le monde était au service du droit à l'information, une forme de dépassement de la liberté de la presse. On a besoin de sécuriser les droits et les devoirs des journalistes mais aussi d'accorder des droits à ceux qui reçoivent des contenus et qui peuvent être manipulés et voir leurs droits à la vie à la santé violés, leurs droits de consommateurs, de citoyens d'acteurs économiques et sociaux.

Est-ce qu'il y a eu des contributions, des propositions qui vous ont étonné ?

Certains nous ont dit qu'ils étaient perdus face à la profusion de l'information, et qu'ils n'arrivaient pas à sourcer les contenus qui nous sont proposés. Ils ont également fait part de leurs exigences en matière d'indépendance de l'information et de transparence des médias et du pluralisme. Ces citoyens nous ont dit qu'ils voulaient que l'ensemble de la réalité soit couvert et que les vérités factuelles ne suffisaient pas. Nous sommes allés dans les grandes métropoles régionales mais aussi dans des petites villes (Lunel, Carmaux).

Est-ce que les journalistes sont sur la sellette ?

Le journalisme se trouve aujourd'hui dans l'écosystème de l'information en concurrence directe avec toutes sortes de contenus, de la propagande d'Etat, de la publicité, des rumeurs. Si on veut que des politiques publiques, des législations soutiennent le journalisme, il faut qu'on arrive à distinguer le journalisme de ce qui n'en est pas et donc retravailler sur ce qui fonde le journalisme, les droits et les devoirs.

Quelles sont les recommandations tirées de ces assemblées citoyennes dans le livre blanc ?

On a besoin d'aller au-delà des garanties sur le pluralisme, si on veut avoir des évolutions sur le droit à l'information de chacun, il faut que le droit à l'information de chacun soit inscrit dans la Constitution. On a besoin d'évolution à caractère législatif. On a besoin de moyens pour se protéger de la propagande étrangère sans que ce soit des sanctions à caractère politique ou économique. On a besoin de nouvelles politiques publiques sur certains sujets. Il nous semble important d'avoir un pass-média pour les 15/24 ans comme il existe un pass-culture. Les médias ont besoin de s'ouvrir, ont besoin d'interactions. Il faut le susciter. On a besoin que sur les plateformes numériques il y ait des indicateurs de fiabilité de l'information, même s'il y a des avancées législatives au niveau européen. Il reste beaucoup à faire pour assurer ce droit à l'information.

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