Avant même son entrée en fonctions, début juin, le nouveau président philippin Rodrigo Duterte appelait explicitement au meurtre des dealers. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a été entendu. Depuis trois mois, la mort plane sur Manille. Voici un extrait glaçant du magazine "Envoyé spécial", à voir le 3 novembre 2016.Pour sa première nuit dans la capitale philippine, l'équipe du magazine s'est laissé guider. Pour prendre la mesure du carnage, il a suffi de suivre les gyrophares, car les tueurs sont souvent les policiers eux-mêmes. La police scientifique, la Soco, enchaîne les scènes de crime.Un "suspect" abattu par un policier en civil 22 heures : un couple a été tué par balles dans sa maison. 23 heures : nouveau cadavre. C'est un policier en civil qui a fait feu, "dans la poitrine". La victime ? "Un suspect dans une affaire de drogue", lâche-t-il, sûr de son bon droit. Cette accusation équivaut à une sentence de mort. Ici, on peut mourir sur simple soupçon, et personne n'est à l'abri. C'est le troisième "suspect" abattu dans le quartier, nous confie ce voisin. Mais en parler devant une caméra peut vous coûter la vie... Nous n'en saurons pas davantage. Après minuit, le décompte s'accélère : 22 morts ce soir-là. Les familles, terrorisées, en larmes, n'ont plus qu'à "nettoyer le sang". Ce n'est pas une guerre des gangs, c'est la nouvelle politique antidrogue des Philippines. Elle a déjà fait 3 500 victimes.Extrait de "Philippines : carnage d'Etat", un reportage de Pierre Monégier et Florian Le Moal, à voir dans "Envoyé spécial" le 3 novembre 2016.