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Crack à Paris : le campement de consommateurs au nord de Paris est "indigne de la République", alerte le maire de Pantin

Bertrand Kern appelle à "mettre en place un plan crack qui soit massif et efficace". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Une manifestation anti-crack à Pantin, en 2021.  (CINDY BONNAUD / MAXPPP)

"Il faut mettre en place un plan crack qui soit massif et efficace", a déclaré samedi 24 septembre sur franceinfo Bertrand Kern, maire socialiste de Pantin. Cela fait un an que les consommateurs de crack ont été regroupés dans un campement au nord-est de Paris vers la Porte de la Villette. Plusieurs centaines de toxicomanes y vivent sous des tentes et des abris de fortune. Une manifestation aura lieu ce samedi à 16h à l'hôtel de ville de Pantin pour dénoncer cette situation.

franceinfo : La situation est-elle critique ?

Bertrand Kern : Oui, les habitants de notre quartier des Quatre-Chemins n'en peuvent plus. Les commerces ont vu leur chiffre d'affaires baisser de 20 à 25%, des associations comme Emmaüs ont vu leurs vitrines cassées, avec des vols. Des habitants voient les portes d'immeubles défoncées avec des consommateurs de crack qui urinent et défèquent dans les entrées, qui dorment sur les paliers.

Quelle est la situation pour les toxicomanes ?

Il faut aller voir Porte de la Villette. C'est indigne de la République. Nous sommes face à un camp qui ressemble plus à un bidonville, les conditions sanitaires et sociales sont déplorables. Les consommateurs de crack sont complètement laissés à l'abandon. Depuis que le préfet de police de Paris Laurent Nunez a été nommé, il y a des opérations de police contre les dealers, mais les consommateurs sont dans un état déplorable.

La réponse policière est-elle la bonne réponse ?

Non, c'est nécessaire mais ce n'est pas suffisant. Il y a deux volets. Vous avez la réponse policière et répressive par rapport aux trafiquants de drogue qui vendent un caillou entre 10 et 20 euros. Le consommateur n'a qu'un objectif dans sa journée c'est de se procurer ce fameux caillou.

Et vous avez l'autre côté, celui de la prise en charge sanitaire et sociale de ses personnes parce qu'on est face à des gens qui sont malades, avec une drogue fortement addictive. D'après les associations vous avez 60 à 80 personnes qui relèvent plutôt de la psychiatrie, un bon tiers demande des parcours thérapeutiques pour essayer de se désaccoutumer et rentrer dans un protocole sanitaire qui leur permettrait d'échapper à cette drogue. 

"Il se pose la question de mettre en place des salles de consommation contrôlée de manière à recréer un lien entre le consommateur de crack et les autorités sanitaires et sociales."

Bertrand Kern, maire socialiste de Pantin

à franceinfo

Seriez-vous prêts à en accueillir sur votre commune ?

Si je ne suis pas le seul. On est déjà dans le nord et l'est parisien avec des villes qui sont déjà très fragilisées. Si on rajoute de la fragilité à la fragilité, à un moment il faut dire stop. Je suis prêt à prendre ma part, mais pas si je suis seul. Il y a un an, il n'y avait pas de trafic de crack à Pantin.

Qu'attendez-vous de l'Etat ?

J'attends qu'il y ait une actualisation du plan crack qui a été négocié entre la ville de Paris, les autorités sanitaires et la préfecture de police et de région de Paris. Il faut mettre en place un plan crack qui soit massif et efficace.

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