"Je suis à bout de force" : le témoignage d'une Française qui se bat pour la libération de son fils détenu au Maroc depuis 30 mois
Thomas Gallay est détenu au Maroc depuis plus de deux ans, sa mère en appelle à Emmanuel Macron.
Interpelé à Essaouira, où il habitait en février 2016, Thomas Gallay, ingénieur de 37 ans, a été condamné à quatre ans de réclusion lors de son procès en appel, en mars 2017. Il est accusé de soutien financier à un Marocain désirant partir en Syrie dans les rangs de l’État islamique. Accusation sans fondement, basée sur des aveux trafiqués, selon la défense. Thomas Gallay attend son transfèrement en France, en vertu d’accords internationaux, mais le Maroc fait traîner la procédure.
Blocage du Maroc
Sa mère, Béatrice, est épuisée de cette situation, elle ne peut plus aller voir son fils en prison à Salé, près de Rabat : "Je ne peux plus aller le voir depuis décembre, parce que j’ai fait deux malaises à Rabat et que depuis, j’ai été obligée de rester en France pour des raisons de santé. Notre famille est complètement désarçonnée devant cette situation."
Ma mère a 89 ans, elle ne vit plus que dans l’attente de son petit-fils parce qu’elle a peur de mourir avant qu’il rentre.
Béatrice Gallayà franceinfo
Ce que la justice marocaine reproche à Thomas Gallay, c’est d’avoir donné 70 euros à une connaissance, proche de mouvements djihadistes. Mais lui assure qu’il l’ignorait et clame son innocence. Dès la condamnation prononcée, la France a lancé une demande de transfert, les démarches administratives ont été réalisées en un temps record côté français. Mais la partie marocaine bloque, sans explication. Béatrice est rongée d’angoisse : "Notre vie n’est plus que dans cette attente, cette attente qui n’en finit pas. Je n’arrive plus à imaginer qu’un jour la sonnerie du téléphone va retentir pour me dire ‘ça y est, Thomas va être rapatrié’. Ce que je demande aujourd’hui, c’est que mon fils soit ramené, tout le reste n’a plus d’importance".
Nous sommes dans un silence qui est assourdissant.
Béatrice Gallayà franceinfo
À ses côtés, les amis de Thomas Gallay ne parviennent pas à le voir comme un individu radicalisé. C’est le cas de Jérémy, ancien collègue dont il fut le témoin de mariage : "Thomas, je l’avais tous les jours au téléphone. Quelqu’un qui change, ça se sent quand on passe autant de temps avec lui au quotidien. On y est allé avec ma femme, c’était rigoureusement la même personne que celle qu’on avait connue en France. On a eu accès à son ordinateur, il n’y avait rien de louche."
Un appel au plus haut niveau de l’État
Face à ce blocage, l’avocat de Thomas Gallay, Franck Berton, se tourne vers Emmanuel Macron, pour que son cas soit évoqué au plus haut niveau. "J’ai été conduit à écrire au président de la République, pour dénoncer cette situation. Je pense qu’il faut passer la vitesse supérieure et rappeler au roi du Maroc qu’il est signataire d’une convention internationale qui s’inscrit dans le respect des droits de l’homme et le respect aussi des personnes détenues, qui leur permettent de purger leur peine en France."
Béatrice Gallay, elle aussi, sollicite le chef de l’État : "J’ai écrit au président Macron le 20 mai, pour lui demander son secours. Je n’ai pas encore eu de réponse. Je ne vois plus que lui pour pouvoir prendre en main ce problème et le résoudre. Moi je suis à bout de force !" Béatrice Gallay espère un rendez-vous avec le président de la République. Contactées, ni le ministère français des Affaires étrangères, ni son homologue marocain n’ont répondu à nos demandes d’explications.
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