Des scientifiques britanniques autorisés à manipuler des embryons humains
C'est une des toutes premières autorisations de manipulation d'embryons humains. Elle a été délivrée par l'Autorité britannique de la fertilisation humaine et de l'embryologie. C’est une chercheuse du prestigieux Institut Francis Crick qui a fait cette demande. Le docteur Kathy Niakan souhaite étudier l’embryon humain pendant les 7 premiers jours après la fertilisation. L’embryon compte alors jusqu’à 300 cellules. Avec son équipe, elle espère en savoir plus sur les risques de fausse couche, et régler le problème de l'infertilité.
L’Autorité qui s’est penchée sur cette demande a donc donné son feu vert. Des expériences de manipulation des gènes pourront ainsi être menées. Les chercheurs pourront travailler sur l’ADN, sans pouvoir pour autant transplanter des embryons sur des femmes.
Une méthode révolutionnaire
Pour ces travaux, les chercheurs britanniques vont utiliser une méthode dénommée Crispr/cas9. Elle permet d'associer une séquence d'ADN, appelée Crispr, et une enzyme qui découpe l'ADN, appelée Cas9. Cet atelage s'accroche au gène déficient dans une cellule et le détruit.
Une première en Europe
Avec cette méthode, une équipe chinoise a réussi en 2014 une première sur des embryons de macaques, en ciblant 5 zones réparties sur 3 gènes. Une femelle macaque a donné naissance à des jumeaux où 2 des 3 gènes visés ont pu être réparés. Une équipe américaine a aussi traité des souris qui souffraient d'une maladie génétique incurable du foie. Cette méthode a permis de réparer le gène. Un mois plus tard, un tiers des cellules du foie étaient redevenus saines. Résultats aussi intéressant sur des souris souffrant de la myopathie de Duchenne qui ont récupérés 40 % de muscles normaux.
En Europe, c'est la première fois qu'une telle autorisation est délivrée. La modification génétique d’embryons à des fins de traitement est interdite au Royaume-Uni. Elle est en revanche autorisée depuis 2009 dans la recherche, à condition entre autres que les embryons soient détruits au bout de deux semaines maximum.
Une méthode qui pose des questions d'ordre éthique
Le passage chez l'homme pose une question fondamentale : cette méthode ne va-t-elle pas provoquer des lésions dans d'autres régions du génome ? Le travail des chercheurs britanniques sera très encadré mais certains y voient déjà un danger, un premier pas vers la sélection génétique.
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