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Coût des études : les Français sont-ils privilégiés ?

Contrairement à leurs cousins québecois en plein "printemps érable", leurs frais de scolarité augmentent peu et leur endettement est mineur. Cependant, dans les amphis, leur situation est moins rose.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'université René Descartes, à Paris, le 7 janvier 2012. ( AFP / PHOTNONSTOP)

Après les Québecois, ce sont les étudiants américains qui manifestent contre l’augmentation de leurs frais de scolarité et le fort endettement qu'ils engendrent. Jusqu’à présent, les étudiants français, pourtant prompts à la revendication, restent sages. Seraient-ils gâtés ?  

Les frais de scolarité augmentent lentement (mais sûrement)

Entre les droits d’inscription à l’université et les frais de scolarité des grandes écoles, c’est le jour et la nuit. Les étudiants déboursent de 400 à 15 000 euros par an. Aux Etats-Unis, les droits de scolarité moyens s'èlevent à 19 600 dollars par an (14 350 euros) dans les universités publiques et 27 200 dollars (20 000 euros) dans les universités privées, d'après Le Monde. Au Québec, le gouvernement a provoqué la colère étudiante en prévoyant d'augmenter de 75% les droits de scolarité d'ici à 2017, pour les porter à 3 793 dollars canadiens (2 910 euros) par an.

La France n'envisage pas de pareille mesure à court terme. Pour la Conférence des présidents d’universités (CPU), la hausse des droits d'inscription est même "un sujet vraiment marginal", a expliqué le président de l’université de Limoges à Mediapart. Quant aux écoles privées qui fixent elles-mêmes leurs frais d’inscription, "toutes, petites ou grandes, ont augmenté leurs frais de scolarité ces dernières années, à raison d'environ 10% par an", selon le site spécialisé Educpros.fr.

"Concernant l’évolution des frais d’inscription, les étudiants français sont plutôt privilégiés", reconnaît Philippe Loup, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). Ce qu'il explique par "la volonté de démocratiser le plus largement possible l’accès aux études supérieures" et "une tradition d’investissement collectif, qui passe par l’impôt"

Les étudiants français ne s'endettent pas...

Les banques ont beau les courtiser, en 2011, seulement 8% des 2,3 millions d’étudiants ont contracté un prêt pour financer leurs études, selon une enquête de la Fage. C’est peu, au regard des 94% de diplômés qui vont quitter les universités américaines avec déjà un emprunt à rembourser, selon Les Inrocks. En France, "traditionnellement, c’est la famille qui prend en charge les études, directement en gardant les enfants à la maison, ou indirectement en payant un loyer", analyse Pierre Courtioux, économiste et chercheur à l’Edhec.

De plus, pour un étudiant français sur deux, la principale source de revenus reste la famille, d’après une enquête de l’Observatoire de la vie étudiante. Et comme leurs voisins européens, un quart d’entre eux tirent leurs revenus d’un job, régulier ou occasionnel.

... mais l’Etat dépense peu pour eux

Privilégiés donc ? "Non, on ne peut pas dire ça", selon Pierre Courtioux. "Le coût des études supérieures est relativement bas, mais il faut le ramener à la dépense de l'Etat par étudiant."  Et de ce point de vue, la France, avec 11 260 euros par étudiant en 2009, se classe légèrement sous la moyenne des 11 710 euros des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Avec pour conséquence, "des cours en amplithéâtres, de gros effectifs, moins de profs par étudiant", développe Pierre Courtioux.

Et cela se paie peut-être aussi en terme de valorisation des diplômes. "Aux Etats-Unis, les salaires d'entrée sur le marché du travail intègrent l'endettement des étudiants", rappelle l'économiste. 

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