Cet article date de plus de deux ans.

Connaître les compositions des protections périodiques : "Mieux vaut tard que jamais mais il faudrait aussi des analyses en sortie d'usine"

Le gouvernement veut contraindre les fabricants de protections périodiques à indiquer la composition de leurs produits. Les précautions d'utilisation et les effets indésirables graves que peuvent provoquer des composants des protections intimes devront figurer sur l'emballage ou sur une notice, selon un projet de décret. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un tampon hygiénique dans la main d'une femme. (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

"Cela va dans le bon sens, mais il faudrait aussi des analyses en sortie d'usine", a déclaré vendredi 11 mars sur franceinfo Audrey Gloaguen, réalisatrice de Tampon, notre ennemi intime (France 5, 2017) et auteure du livre Semia aux éditions Gallimard. Un décret est en préparation pour obliger les fabricants de protections périodiques à plus de transparence. Les compositions des protections périodiques seront inscrites sur les emballages "au 1er janvier 2023 au plus tard", a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran.

franceinfo : Que pensez-vous de ce projet de décret ?

Audrey Gloaguen : Cela va dans le bon sens mais je regrette que cela arrive 5 ans après le documentaire qu'on a réalisé. Mais mieux vaut tard que jamais. C'est complètement dingue que des femmes utilisent des tampons sans savoir exactement ce qu'elles mettent dans leur corps. Quelques marques ont fait des efforts en indiquant des compositions mais c'est loin d'être le cas de tous les fabricants.

Est-ce que ce manque d'informations est dû à un tabou autour des règles ?

Oui, il y a un tabou et il y a encore quelques temps les femmes étaient complices de ce tabou. Je dis cela parce que nous n'avons pas nous-même en temps que femmes questionné les industriels. Cela nous arrangeait bien. Les temps ont changé, les femmes s'affirment plus, disent les choses et veulent savoir ce qu'il y a exactement dans les tampons et les serviettes hygiéniques.

Pensez-vous que cela va pousser les fabricants à changer la composition ?

Je pense que oui. Politiquement c'est la seule manière de forcer les industriels et c'est terrible d'en arriver-là. Mais cela n'est pas suffisant. Il faudrait aussi des analyses en sortie d'usine. Il y a des produits chimiques qui arrivent pendant la fabrication des tampons. Les tests sont faits sur les matériaux mais pendant la phase de fabrication il y a des réactions chimiques qui sont provoquées. Donc, il faudrait des analyses en sortie d'usine, une fois que le produit est fait.

Il y a trois ans, l'Anses avait identifié un certain nombre de substances toxiques dans des tampons et serviettes hygiéniques. Souhaitez-vous qu'il y ait plus d'études réalisées ?

Oui parce qu'il y a très peu d'études. Ce n'est pas assez glorieux de faire des études sur les tampons. J'espère que les mentalités vont changer et que des instituts vont s'emparer de ça. L'Anses avait dit que ce n'était pas suffisant dans les valeurs observées, mais je ne crois pas à ça. On a bien vu l'effet cocktail avec les phtalates. On va en avoir un peu dans les tampons, puis dans d'autres trucs. Je pense que notre corps accumule les produits chimiques et que cette notion de valeur minimale n'est plus une donnée suffisante. L'effet cocktail est un problème environnemental majeur.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.