Chômage : tous indemnisés ?

Ce que le Medef propose, dans un document envoyé hier aux syndicats, c'est une indemnisation pour tous les chômeurs, sans exception. Un régime de base, en quelque sorte, payé par l'Etat, et donc plus par l'Unedic.

Une idée généreuse, qui ne coûte finalement rien au patronat. A ce régime de base, qui intégrerait toutes les allocations existantes (RMI, ASS, etc), s'ajouterait une part complémentaire, comme pour les mutuelles de santé. Un régime assurantiel financé, lui, par des cotisations sociales, patronales et salariales et réservé à ceux qui ont suffisamment cotisé. Aucun chiffre n'est avancé, à ce stade de réflexion. Ni sur le taux de chômage pour tous, ni pour les compléments.

Les partenaires sociaux devraient discuter aujourd'hui de ce nouveau dispositif d’indemnisation du chômage, dans le cadre de la négociation sur la modernisation du marché du travail, qui doit normalement s'achever d'ici la fin de l'année.

Une idée pas si révolutionnaire

En fait, l'idée n'est pas si nouvelle. Une proposition similaire avait même été âprement débattue en 1984, quand Pierre Bérégovoy était Premier ministre. Discutée, et abandonnée. C'est ce qui avait donné le système actuel : l'assurance-chômage aux mains des partenaires sociaux, et la solidarité à la charge de l'Etat.

Dans son texte, le patronat relance donc l'idée. Jugeant que "la mise en place d'une telle organisation aurait le double avantage de permettre la prise en charge de nouveaux publics, et de garantir l'indépendance des partenaires sociaux dans la fixation des paramètres du nouveau régime d'assurance-chômage". Car effectivement, aujourd'hui l'assurance-chômage n'indemnise que 46.1% des demandeurs d'emploi. L'Etat prend le relais pour les Rmistes et les chômeurs en fin de droit -- 12.3% touchent l'Allocation spécifique de solidarité.