Cet article date de plus de neuf ans.

Cannabis : la consommation remonte chez les jeunes, une première en 11 ans

47,8 % des jeunes de 17 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis, selon une note de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Ils étaient 41,5 % en 2011. Une évolution surtout portée par les jeunes filles. La consommation d’alcool reste la pratique la plus répandue.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La consommation de cannabis repart à la hausse chez les jeunes pour la première fois depuis onze ans. © MaxPPP)

Les premiers résultats de l’enquête 2015 de l’OFDT, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, sont dévoilés dans une note ce mardi. Le principal constat : après onze années de baisse, la consommation du cannabis enregistre une hausse. 47,8 % des jeunes de 17 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis. Ils étaient 41,5 % en 2011. Un quart des jeunes a fumé dans le dernier mois, et un sur dix dit fumer au moins dix joints chaque mois, des chiffres aussi en augmentation.

"Entre le milieu des années 1990 et 2002, il y avait vraiment une montée en puissance du cannabis, ce qui a amené la France à être l’un des pays européens où l’on consommait le plus de cannabis , explique François Beck, directeur de l'OFDT. Depuis 2002, on était sur une tendance à la baisse, jusqu’à cette reprise qui est assez forte. "

Hausse surtout chez les jeunes filles

La huitième étude Escapad (Enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense), menée auprès de 22.023 jeunes de 17 ans en mars 2014, nous apprend que cette évolution est surtout portée par la consommation des jeunes filles, alors que l’usage de cannabis chez les garçons est historiquement plus important, mais stable. Si 8 % des jeunes présentent un " risque élevé de dépendance" au cannabis, la proportion monte à un sur quatre parmi les garçons. "La tendance est à un rapprochement entre les garçons et les filles ", note François Beck.

"C'est facile de se procurer du cannabis pour un jeune sur deux"

"C’est un produit qui est utilisé parfois dans un contexte de sociabilité, festif, analyse françois Beck, parfois comme une automédication, pour se détendre, gérer son stress, et parfois pour arriver à trouver le sommeil ." Avec le développement de l'autoculture, le produit est aussi devenu plus facile à se procurer, estime-t-il : "Quand on interroge les lycéens, pour 50 % d’entre eux, c’est facile, voire très facile de se procurer du cannabis. Seuls 25 % disent que pour eux ce serait impossible ."

​Dans un contexte difficile pour la jeunesse, notamment la sortie de la crise, les incertitudes sur l’entrée dans le marché du travail, cela peut constituer des motifs qui poussent à consommer du cannabis.

François Beck, directeur de l'OFDT, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies
En ce qui concerne les substances psychoactives, l’expérimentation de l’ecstasy et la MDMA a doublé en trois ans. 3,8 % des jeunes déclarent avoir essayé ces deux drogues.

Recul du "binge drinking"

La consommation d’alcool reste la pratique la plus répandue, puisque neuf jeunes sur dix en ont déjà consommé, et un sur dix affirme boire régulièrement, plus de dix fois par mois. Les chiffres confirment une hausse constatée depuis 2008 : 12,3% des jeune de 17 ans boivent plus de dix fois par mois (+1,8 point) et 1,8% en consomment quotidiennement.

Mais l’alcoolisation ponctuelle importante, le "binge drinking", en anglais, connaît, elle, un recul : 48,8 % ont déclaré avoir bu au moins cinq verres en une occasion, contre 53,8 % en 2011.

Un jeune sur trois fume quotidiennement

La consommation de tabac chez les jeunes connaît aussi une recrudescence : un jeune sur trois fume quotidiennement, un chiffre en hausse, notamment à cause de l’augmentation du nombre de fumeuses. Quant aux jeunes qui essayent la cigarette, leur nombre demeure, lui, stable, à 68,4 %.

En dépit de ces mauvais chiffres, "sur l'ensemble des 15 dernières années, les niveaux des consommations les plus régulières de tabac, d'alcool ou de cannabis restent toutefois en deçà des niveaux atteints au début de la décennie 2000 ", nuance l'OFDT.

Reportage auprès de lycéens lyonnais de Christophe Vincent.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.