Avion immobilisé dans la Marne : les deux gardes à vue sont prolongées
Les deux gardes à vue sont prolongées samedi 23 décembre, rapporte le parquet de Paris dans l'affaire de l'avion immobilisé dans la Marne pour des soupçons de traite d'êtres humains.
Les deux passagers sont entendus depuis vendredi soir et le sont donc encore actuellement. Le but : "vérifier si leur rôle a pu être différent de celui des autres dans ce transport, et encore une fois dans quelles conditions et avec quel objectif", explique le parquet. De source proche du dossier, la rétention administrative de ces personnes peut durer jusqu'à 96 heures.
Depuis jeudi, un A340 de la compagnie Legend Airlines est immobilisé à l'aéroport Paris-Vatry pour des soupçons de traite d'êtres humains. Le parquet précise ce samedi soir que les 303 personnes qui se trouvaient à bord de l’avion sont toutes de nationalité indienne. Parmi elles, figurent 11 mineurs non accompagnés qui se sont vus désigner des administrateurs "ad hoc", poursuit le parquet. Tous les passagers majeurs ont été auditionnés.
Soupçon de traite des êtres humains en bande organisée
L'avion transportait des passagers indiens en provenance des Emirats Arabes Unis et à destination "peut-être intermédiaire" du Nicaragua, écrit le parquet. Ces personnes sont susceptibles d’être victimes de trafic d’êtres humains. "Au regard du nombre de personnes concernées et du caractère international des potentielles investigations à mener, c’est la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) qui a repris l’enquête pour vérifier si des éléments viendraient corroborer le soupçon de traite des êtres humains en bande organisée". Ce crime fait encourir 20 ans de réclusion criminelle et 3 millions d’euros d’amende.
Pour l'avocat et bâtonnier du barreau de Reims, Pascal Guillaume, contacté par France Bleu Champagne-Ardenne, "c'est du jamais-vu pour notre département. C'est hors norme, on n'est pas habitué". Concernant la procédure judiciaire qui se met en place, il explique que ce dimanche à partir de 9h du matin plus d'une centaine d'audiences débuteront dans l'aéroport. Ces audiences se dérouleront devant un juge des libertés et de la détention. "Ça concerne pas moins de 130 personnes à représenter", estime le bâtonnier. Ces audiences doivent donc durer entre trois et quatre jours.
Une "organisation monstre" pour les audiences
Dans le détail, précise François Procureur bâtonnier du barreau de Châlons-en-Champagne, qui gère également la procédure judiciaire, "il y aura quatre audiences simultanées. Pour chaque audience, il faut un juge des libertés, un avocat, un greffier et un traducteur. Donc je dois trouver d'autres avocats pour effectuer un roulement. Tout ça en période de Noël, c'est une organisation monstre".
Voire quasi-impossible pour le département selon le bâtonnier : "On ne sait pas faire ce genre de choses. Normalement, dans des départements habitués, les gens sont aidés par plusieurs associations. Nous, non. On peut loger les migrants dans des centres. Nous, non. [...] Les services de l'État veulent tout régler à Vatry, ça me semble bien compliqué".
Autre information apportée par le bâtonnier de Châlons-en-Champagne, cette fois concernant les passagers qui ne participeront pas aux audiences, l'avion ne les ramènera pas au Nicaragua, la destination initialement prévue : "Ils vont sûrement devoir rentrer en Inde". Il ajoute que 58 passagers ont demandé l'asile politique en France.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.