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Air France : certains pilotes prendraient trop d'aises avec la sécurité, selon un rapport

Un rapport interne d'Air France datant de fin 2009 met en cause le comportement de certains pilotes, qui prendraient un peu trop leurs aises vis à vis des procédures de sécurité. Il déplore aussi que la formation des personnels navigants ait perdu son efficacité. Le texte préconise 35 mesures pour améliorer la sécurité.
Article rédigé par franceinfo
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C'est un rapport commandé par Air France fin 2009, après l'accident du Rio-Paris. La chute de l'Airbus 330, toujours difficile à expliquer, a provoqué une crise de confiance au sein des personnels de la compagnie. Certains, en prenant leur service à bord, ont ressenti une angoisse, qu'ils ne connaissaient pas. C'est pourquoi Air France a monté une commission d'enquête pour dégager des pistes afin d'améliorer la sécurité.

Les conclusions de ces experts, qui sortent aujourd'hui dans la presse, pointent du doigt le hiatus qui s'est instauré entre d'un côté, une forte demande de considérer la sécurité comme une priorité absolue, et d'un autre côté, la pratique professionnelle d'une minorité de pilotes. Autant les rapporteurs ont constaté que “la sécurité avant tout” revenait en permanence lors des entretiens avec les cadres supérieurs, autant ils déplorent que la compagnie ne se soit pas donné les moyens de relayer cette consigne d'une manière assez forte et impérative parmi les personnels. “Ceci conduit certains employés à croire que les considérations de sécurité sont secondaires par rapport aux considérations commerciales.”

Sont visés, certains pilotes, qui prendraient un peu trop d'aises vis à vis des procédures. Le manuel opérationnel de la compagnie permet au pilote de ne pas appliquer strictement les procédures Air France, “si nécessaire pour la sécurité des passagers et de l'avion”, notamment en cas de danger imminent. Mais, écrivent les rapporteurs : “il y a un petit pourcentage de commandants qui abuse de cette philosophie générale et ignore systématiquement certaines directives”. Une attitude de “seul maître à bord après Dieu” qui est régulièrement reprochée aux pilotes par les personnels de cabine, hôtesses et stewarts, et par les personnels au sol. Ils se plaignent que certains pilotes se comportent de manière “autoritaire” et “arrogante”.

Les rapporteurs estiment aussi que la formation et l'entraînement des personnels navigants, techniques et commerciaux, souffre d'insuffisances sérieuses. Elle est, disent-ils “inefficace, trop théorique et routinière”. La direction des ressources humaines aurait perdu son efficacité.

Pour évoluer, les rapporteurs préconisent de suivre un programme en 35 points, notamment la constitution d'une direction dédiée à la sécurité, et une simplification des structures. Le principal syndicat des pilotes, le SNPL, qui s'affirme “moteur” dans la démarche d'expertise externe, se félicite d'un rapport “sans complaisance” et “partage le constat”.

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