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Accueil des sans-abri : "La situation est catastrophique en France"

150.000 personnes vivent aujourd'hui dans la rue pour quelques 100.000 places d'accueil. Face à la saturation nationale du 115, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale demande à l’Etat d’ouvrir sans attendre toutes les places d’accueil disponibles.
Article rédigé par Maëlenn Bereski
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Les associations demandent au gouvernement de revoir sa politique sur l'hébergement d'urgence et sur les logements dits très sociaux. © MaxPPP)

Les températures hivernales s'installent sur l'ensemble de la France et le Samu social tire la sonnette d'alarme. Les centres d'accueil sont saturés. Plus d'un appel sur deux au 115 n'aboutit pas. Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion (Fnars) qui gère le numéro d'appel d'urgence 115, dépeint au micro de France Info "une situation catastrophique sur le territoire. Dans les grandes villes : Lyon, Bordeaux, Lille, des centaines de personnes appellent sans qu'on puisse leur donner une solution".

A Lille, chaque jour, près de 400 personnes se retrouvent sur liste d'attente. Et ils pourraient être bien plus nombreux, car face à la saturation des centres d'urgence, de nombreux sans-abri ne composent même plus le 115.

Selon l'Insee,  près 150.000 personnes sont aujourd'hui à la rue ou en situation d'alternance entre logement très précaire, la rue et les structures d'hébergement de jour. "C'est 40% de personnes en plus qu'il y a 10 ans" , souligne Florent Gueguen. Face à la saturation et au sentiment d'impuissance des associations plus grand chaque année, le 115 a lancé vendredi un appel à l'aide.

La logique du thermomètre

Dans leurs revendications, on retrouve l'ouverture de l'intégralité des places d'accueil disponibles. L'Etat attend la chute importante des températures pour libérer ces places d'urgence. Les associations d'accueil, débordées par la demande, voudraient voir disparaître cette logique du thermomètre.

"Pour le moment, la réponse gouvernementale est très faible" , explique le directeur du Fnars sur France Info samedi matin.  "On nous dit "on arrête la gestion avec le thermomètre ", sauf que sur le terrain, aucune place ne se libère." Les pouvoirs publics engagent pourtant chaque année près d'1,3 milliard d'euros pour l'hébergement d'urgence.

Arrêter les mesures ponctuelles

Pour Florent Guegen, le problème vient "de la mauvaise anticipation des besoins par le gouvernement. Chaque année, le 115 est en crise." Pourtant aucune mesure de long terme n'est vraiment prise. L'accueil d'urgence dû au froid se réduit souvent à l'installation des personnes dans le besoin dans des hôtels ou des gymnases. Des solutions ponctuelles, bricolées et coûteuses.

"Il faut des places pérennes et de l'accompagnement social, il faut surtout faire du logement "très social", accessible aux plus démunis pour leur permettre de se réinsérer" ,  annonce le directeur du Fnars. En 2014, 100.000 logements sociaux ont été construits contre les 500.000 par an promis par François Hollande lors de la campagne présidentielle.

"150.000 personnes sont aujourd'hui à la rue" Florent Gueguen

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