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Un traitement contre l'acné soupçonné d'avoir poussé des adolescents au suicide

Le père d'un adolescent niçois a saisi la justice après le décès de son fils de 17 ans qui suivait un traitement au Roaccutane, un médicament contre l'acné. En 2007, l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) avait demandé une "vigilance particulière" pour les patients traités par isotrétinoïne (molécule de base de ce médicament et de ses génériques). En 2009, elle avait écrit aux prescripteurs et pharmaciens pour rappeler la dangerosité du médicament.
Article rédigé par franceinfo
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Après l'affaire du Médiator, c'est peut-être le nouveau scandale de santé publique. Le père d'un adolescent niçois, fondateur de l'association des victimes du Roaccutane et génériques (AVRG), a décidé de saisir la justice après le décès de son fils qui suivait un traitement lourd contre l'acné.

Le 2 juillet 2007, Alexandre, 17 ans, s'était pendu à un arbre à 800 mètres de son domicile, alors qu'il était sous un traitement à doses croissantes depuis sept mois. " Maman, je ne sais pas ce que j'ai depuis trois semaines, mais là, j'en ai marre. J'en peux plus, j'ai toujours mal quelque part. C'est des petites choses accumulées, c'est dur ", avait-il laissé pour message à ses parents.

L' avocat de la famille, maître Gilbert Collard, vient donc d'engager une action devant le tribunal de grande instance de Nanterre (92) contre les laboratoires Roche, Expanscience et Pierre Fabre qui fabriquent *les génériques Roaccutane, apprenait-on hier dans les colonnes du quotidien La Provence.

La semaine dernière, la sénatrice UMP des Français de l'étranger, Joëlle Garriaud-Maylam, est montée au créneau en appelant le ministre de la Santé Xavier Bertrand à prendre " des mesures d'urgence " à l'encontre du Roaccutane et de ses génériques à base d'isotrétinoïne. Des médicaments qui ne se vendent plus aux Etats-Unis mais qui sont toujours commercialisés en France, avait-elle souligné.

En 2007, l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé avait déjà demandé une "vigilance particulière" pour les patients traités par cette molécule ayant des antécédents psychiatriques. En 2009, elle avait écrit aux prescripteurs et pharmaciens pour rappeler la dangerosité du médicament. " L'éventualité de la survenue de troubles dépressifs et de comportements suicidaires sous isotrétinoïne nécessite une vigilance, afin de détecter et de prendre en charge de manière précoce et adaptée toute modification de l’état habituel du patient. Il est à noter que depuis la commercialisation de l’isotrétinoïne en France, une centaine d’observations de troubles psychiatriques a été rapportée au réseau national de pharmacovigilance, notamment chez des adolescents et des jeunes adultes, sans qu’un lien de causalité puisse être établi", prévenait alors l’AFSSAPS (voir le communiqué). une autre étude serait actuellement toujours en cours.

  • L'isotrétinoïne a été commercialisée jusqu'en 2008 sous le nom de Roaccutane par le laboratoire Roche puis sous forme de générique sous les noms Curacné, Procuta, Contracné et Isotrétinoïne Teva.

    Cécile Mimaut, avec agences

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