Première étude sur le "médicament miracle" des alcooliques
Pour les alcooliques, c'est un peu la pilule miracle. Le baclofène, pris à forte dose, rendrait indifférent à l'alcool. Fini l'addiction. Le problème, c'est qu'il n'est pas du tout fait pour ça. Son autorisation de mise sur le marché le décrit comme un relaxant, prescrit en cas de torticolis par exemple.
Mis en circulation dans les années 70, le baclofène a vu sa popularité augmenter en 2008, avec le livre d'un cardiologue devenu alcoolique, Olivier Ameisen. Dans Le dernier verre, il raconte comment il a réussi à s'en sortir. Et c'est grâce au baclofène. Comme le médicament est délivré sur ordonnance, il a pu s'en auto-prescrire de fortes doses, et son envie de boire s'est envolée comme par magie.
Un médicament utilisé pour autre chose que ce pourquoi il a été créé ? Un schéma qui rappelle de mauvais souvenirs aux autorités sanitaires et aux sociétés d'addictologie : le Médiator, des laboratoires Servier. Antidiabétique, il était utilisé pour permettre la perte de poids. Mais il aurait causé la mort de 500 à 2.000 personnes.
_ Sociétés savantes et associations de lutte contre l'alcoolisme demandaient donc des études. Mais le baclofène, vieux médicament, est passé dans le domaine public, donc financièrement peu intéressant. Personne ne s'est bousculé pour travailler dessus.
L'étude qui sera lancée en décembre ou en janvier prochain par le Pr. Philippe Jaury, de l'université Paris-Descartes permettra donc peut-être d'expliquer scientifiquement les surprenantes propriétés du baclofène, de déterminer les types d'alcoolisme sur lesquels il est efficace, et quels sont les effets secondaires. L'étude est financée sur des fonds publics et ses résultats sont attendus courant 2013. Elle portera sur 300 patients, qui ingéreront soit un générique, soit du baclofène. “Notre hypothèse est que le placebo marche à 20% et que le baclofène marche entre 40 et 50%”, estime le Pr. Jaury. Le critère retenu sera le retour à une consommation “normale” d'alcool, dans les clous définis par l'OMS.
Grégoire Lecalot, avec agences
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