Mediator : nouveaux témoignages accablants pour Servier
Actualisé à 14h20 avec la convocation de Servier en vue d'une possible mise en examen
Nouveau soupçon de mensonge pour le laboratoire Servier, après la révélation de deux témoignages accablants ce matin dans la presse.
Le laboratoire aurait menti sur le Mediator pour obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM). C'est ce qu'ont révélé cet été deux scientifiques aux juges chargés de l'enquête. Le laboratoire aurait en fait gommé les caractéristiques de coupe-faim du médicament, pour en faire un simple antidiabétique.
Selon un extrait d'audition révélée par Libération ce matin, le professeur Jean Charpentier, qui avait rédigé l'étude destinée à obtenir l'AMM en 1973, a expliqué : "Cela a été fait dans le but d'avoir l'AMM", le dossier a été "présenté de la façon la plus favorable possible".
Le laboratoire a publié un communiqué, après la publication de ces témoignages, dans lequel il réaffirme "formellement n'avoir trompé ni les autorités de santé ni les patients". Maitre Hervé Témime, l'avocat de Servier, est lui aussi monté au créneau pour réfuter ces informations.
C'est précisément pour ces mensonges que le laboratoire est poursuivi. Servier devrait d'ailleurs être prochainement mis en examen, si l'on en croit Me Témime : “des convocations ont été envoyées en vue d'une mise en examen des
laboratoires” , dit-il. Sans plus de précision...
Pour le député socialiste Gérard Bapt, président de la Mission d'information de l'Assemblée nationale sur le Mediator, au contraire, il s'agit là d'une méthode "habituelle" pour le laboratoire Servier : "pour son produit précédent, le petit cousin du Mediator, il avait déjà masqué et dénaturé les notifications spontanées de trois médecins".
Trois juges d'instruction parisiens sont en charge d'informations judiciaires pour tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires et escroquerie au préjudice des caisses de Sécurité sociale et des mutuelles. L'antidiabétique, largement prescrit comme coupe-faim, a causé 500 à 2.000 morts, selon plusieurs études.
Clara Beaudoux, avec agences
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