Médiator : le rapport au vitriol du professeur Debré
L’affaire du Mediator "est beaucoup plus qu’un accident isolé", écrivent les deux médecins en préambule de ce rapport de 85 pages.
Ils ont entendu une quinzaine de personnes, et leur texte s’en prend d’abord à l’Afssaps (autorité du médicament) : "Une structure qui dit tout", avec 1.000 employés, cinq directions scientifiques, 75 groupes de travail, des missions transversales, des unités, un conseil scientifique et trois commissions. L’une de ces commissions "dit toujours oui, en acceptant une foule de médicaments inutiles". Et l’autre "dit non, refusant presque toujours de suspendre ou de retirer les médicaments, même plus dangereux qu’inutiles", écrivent les professeurs Debré et Even.
L'intérêt des firmes est privilégié
Les 28 membres de la commission d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de l’Afssaps sont "choisis sur des critères très contestables, où domine la cooptation relationnelle de hasard", poursuivent-ils.
_ Les conflits d’intérêt sont moyennement respectés, les auditions des experts ne sont pas publiques, les comptes-rendus de séance sont "peu fidèles (…)"De nombreux membres ignorent presque tout du dossier sur lequel ils votent, et même de la pathologie en cause".
Quant à la commission de pharmacovigilance, le gendarme du médicament, elle agit selon une procédure "extrêmement lente". Une véritable "course d’obstacles et de montagne par étapes, qui privilégie clairement l’intérêt des firmes et non celui des patients".
Au final, le rapport des experts souligne "la faillite totale de l’Afssaps", qui échoue parce que c’est "une usine à gaz (…) un labyrinthe dont rien ne peut sortir".
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Bernard Debré, invité de Catherine Pottier. Il est question de ce rapport sur le Mediator, mais d'abord de la situation au Japon :
Que suggère ce rapport ?
"Une réforme profonde, un véritable tournant", écrivent Bernard Debré et Philippe Even. Que l’Afssaps-nouvelle s’occupe de missions d’analyse scientifique avec l’aide, non plus de 3.500 experts, mais de 20 à 40 de haut niveau, sans conflit d’intérêt.
Les nouvelles molécules "n’apportant rien de plus que les traitements antérieurs" devront être "refusés au remboursement".
En matière de pharmacovigilance, le système d’alerte des médecins devra être simplifié.
Le fonctionnement devra être complètement remanié, incluant le remplacement de cadres supérieurs et la disparition de la machinerie administrative.Au passage, le rapport relève la nécessité d’un grand ministère de la Santé, de la Vieillesse et de la Dépendance, "sans lien", contrairement à la situation actuelle, avec "le Travail et l’Emploi".
Le ministre de la Santé Xavier Bertrand a promis qu'un projet de loi réformant "en profondeur le système du médicament" serait présenté "avant l'été".
Gilles Halais, avec agences
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