Le chef de service de chirurgie cardiologique de Metz s'explique
Le docteur Pierre-Michel Roux est très en colère. En fermant son service de chirurgie cardiaque de l'hôpital de Metz lundi, l'Agence régionale de santé de Lorraine a jeté le soupçon sur son travail. La raison invoquée à cette décision inhabituelle est en effet une surmortalité inexpliquée dans les services.
Le docteur Roux a donc choisi de s'expliquer publiquement sur ce qu'il considère comme une injustice : “pour justifier cette décision brutale, l'ARS nous a reproché, à moi et à mon équipe, d'avoir opéré des malades âgés ou très âgés, porteurs de pathologies cardiaques gravissimes et de multiples autres pathologies associées”, a-t-il plaidé. Et la hausse du taux de mortalité dans son service “résulte de la prise en charge de malades à très haut risque chirurgical”.
Et il s'étrangle en révélant ce que lui auraient dit les agents envoyés par l'ARS : “les experts, mandatés par l'ARS pour effectuer un audit du service, nous ont expliqué qu'il n'aurait pas fallu opérer ces malades qui, nous ont-ils dit, allaient tous mourir de toutes façons”, dénonce-t-il. “Refuser d'opérer ces malades aurait en effet amélioré les statistiques du service. Mais nous avons fait le choix d'opérer des patients et non des statistiques”, s'indigne le docteur Roux.
L'ARS a fermé son service à titre conservatoire à cause de l'augmentation “importante” de la mortalité en 2009. Pour les pontages coronariens, ce taux a atteint 4,8% des malades hospitalisés alors que la moyenne nationale se situe à 3,4% dans les services de chirurgie cardiaque, avait indiqué le directeur de l'ARS, Yves Grall. Pour les opérations de remplacement de valves cardiaques, le taux de mortalité s'est établi à 19,1% l'an dernier au CHR de Metz alors qu'il est de 6,9% en moyenne nationale.
Le docteur Roux a aussi ses statistiques : “Les malades à risque chirurgical très élevé représentent 52% des patients admis au service où sont pratiqués entre 360 et 440 opérations cardiaques par an”, ce qui expliquerait selon lui la hausse du taux de mortalité. “Veut-on faire, comme en Angleterre, où des hôpitaux ont refusé d'opérer certains malades fumeurs ou obèses considérés à risque trop élevé de complications chirurgicales”, s'interroge-t-il.
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