Cet article date de plus de treize ans.

Le chef de service de chirurgie cardiologique de Metz s'explique

La hausse du taux de mortalité en chirurgie cardiaque au CHR de Metz "résulte de la prise en charge de malades à très haut risque chirurgical", a expliqué le Dr Pierre-Michel Roux, le chef du service. La chirurgie cardiaque de Metz a été fermée en urgence lundi à cause d'une surmortalité inexpliquée.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France © France Info)

Le docteur Pierre-Michel Roux est très en colère. En fermant son service de chirurgie cardiaque de l'hôpital de Metz lundi, l'Agence régionale de santé de Lorraine a jeté le soupçon sur son travail. La raison invoquée à cette décision inhabituelle est en effet une surmortalité inexpliquée dans les services.

Le docteur Roux a donc choisi de s'expliquer publiquement sur ce qu'il considère comme une injustice : “pour justifier cette décision brutale, l'ARS nous a reproché, à moi et à mon équipe, d'avoir opéré des malades âgés ou très âgés, porteurs de pathologies cardiaques gravissimes et de multiples autres pathologies associées”, a-t-il plaidé. Et la hausse du taux de mortalité dans son service “résulte de la prise en charge de malades à très haut risque chirurgical”.

Et il s'étrangle en révélant ce que lui auraient dit les agents envoyés par l'ARS : “les experts, mandatés par l'ARS pour effectuer un audit du service, nous ont expliqué qu'il n'aurait pas fallu opérer ces malades qui, nous ont-ils dit, allaient tous mourir de toutes façons”, dénonce-t-il. “Refuser d'opérer ces malades aurait en effet amélioré les statistiques du service. Mais nous avons fait le choix d'opérer des patients et non des statistiques”, s'indigne le docteur Roux.

L'ARS a fermé son service à titre conservatoire à cause de l'augmentation “importante” de la mortalité en 2009. Pour les pontages coronariens, ce taux a atteint 4,8% des malades hospitalisés alors que la moyenne nationale se situe à 3,4% dans les services de chirurgie cardiaque, avait indiqué le directeur de l'ARS, Yves Grall. Pour les opérations de remplacement de valves cardiaques, le taux de mortalité s'est établi à 19,1% l'an dernier au CHR de Metz alors qu'il est de 6,9% en moyenne nationale.

Le docteur Roux a aussi ses statistiques : “Les malades à risque chirurgical très élevé représentent 52% des patients admis au service où sont pratiqués entre 360 et 440 opérations cardiaques par an”, ce qui expliquerait selon lui la hausse du taux de mortalité. “Veut-on faire, comme en Angleterre, où des hôpitaux ont refusé d'opérer certains malades fumeurs ou obèses considérés à risque trop élevé de complications chirurgicales”, s'interroge-t-il.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.