La Nasa en route vers Jupiter pour trouver la recette des planètes
Pour inciter Jupiter à livrer ses secrets, quoi de mieux que de lui envoyer sa femme ? Juno - Junon en français - est le nom choisi par la Nasa pour la sonde qu'elle va envoyer aujourd'hui vers Jupiter, la planète. Dans la mythologie gréco-romaine, Junon est la femme du dieu Jupiter (et aussi sa sœur, mais la Nasa reste muette sur cet imbroglio familial).
Propulsée par l'énergie solaire, coûtant la bagatelle de 1,1 milliard de dollars, Juno va mettre cinq ans avant de rejoindre la plus massive des planètes du système solaire (sa masse dépasse celle de toutes les autres réunies). Son périple l'amènera vers Mars, puis retour dans les banlieues de la Terre avant de prendre son élan vers la géante gazeuse, à 600 millions de kilomètres de là.
Elle n'est pas la première sonde à aller traîner ses capteurs dans les parages. Il y a eu les Pioneer, les Voyageur et surtout Galileo , arrivée en 1995. Elle avait envoyé de précieuses informations avant de se lancer dans un plongeon kamikaze vers la planète, en 2003. Mais Juno sera la plus audacieuse de toutes, une sorte d'“Indiana Jones” de la sonde spatiale. “Nous serons seulement à 5.000 kms au-dessus de la crête des nuages”, piaffe Scott Bolton, principal scientifique du programme Juno et membre du Southwest Research Institute à San Antonio, Texas.
_ La sonde fera également quelques incursions sous la ceinture de radiations de Jupiter, la région la plus dangereuse du système solaire, après le Soleil lui-même.
Une tempête de 300 ans
Cette danse au-dessus d'un fauve en furie recèle un enjeu à la mesure de sa folie : il s'agit ni plus ni moins que de tenter de comprendre comment se fabrique une planète, et quels sont les ingrédients, temps de cuisson etc. Jupiter pourrait bien être la première planète à s'être formée dans le système solaire : “lorsque le Soleil a été formé, elle a récupéré la grande majorité des restes”, explique Scott Bolton. “C'est pourquoi elle est très intéressante pour nous : si nous voulons remonter dans le temps et comprendre d'où nous venons et comment les planètes se sont formées, c'est Jupiter qui en détient le secret”, se pourlèche le scientifique.
Pour ce faire, Juno embarque, entre autres, des instruments fournis par la Belgique, l'Italie et la France. Deux expériences concentreront toute l'attention des scientifiques : évaluer la quantité d'eau contenue dans la planète et savoir si “elle a un noyau d'éléments lourds en son centre, ou si elle n'est composée que de gaz”, détaille Scott Bolton. Les scientifiques aimeraient aussi en savoir plus sur la mythique grande tâche rouge de Jupiter, un “grain de beauté” sur la surface de la planète où une tempête se déchaîne... depuis plus de 300 ans.
Grégoire Lecalot, avec agencesOeuvres liées
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